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que côté, par deux autres. Deux colonnes isolées portent, comme à Notre-Dame de Dijon, les six voûtes. Le porche de Notre-Dame de Beaune n’a pas été achevé dans sa partie supérieure et ne devait pas être surmonté de tours. Sur la façade occidentale de l’église Notre-Dame de Semur en Auxois est planté un porche ouvert par trois arcades, mais ne possédant que trois voûtes en arcs ogives, et étant par conséquent dépourvu de colonnes isolées. Ce porche, fermé latéralement, date du commencement du XIVe siècle et n’a été achevé qu’au XVe siècle.

Le porche de la sainte Chapelle du Palais à Paris doit être classé parmi les grands porches ouverts. Comme le bâtiment auquel il est accolé, ce porche est à deux étages, et forme une sorte de vaste loge ouverte sur l’une des cours du Palais[1].

Porches ouverts sous clochers. — Il était assez naturel, lorsqu’on prétendait élever un clocher sur la façade principale d’une église, de pratiquer un porche à rez-de-chaussée. Dans les provinces de l’Ouest, du Centre et du Midi, dès le XIe siècle, on avait pour habitude de construire de grosses tours carrées devant l’entrée occidentale des églises ; la partie inférieure de ces tours servait de porche[2]. À l’article Clocher (fig. 41 et 42) nous donnons le grand porche élevé sur la façade occidentale de l’église abbatiale de Saint-Benoît-sur-Loire. Ce porche, qui date du XIe siècle, se compose d’un quinconce de piles épaisses, portant des voûtes d’arête romaines[3]. Il occupe une surface considérable et est surmonté d’une grande salle ouverte, comme le rez-de-chaussée, sur trois de ces faces et présentant de même un quinconce de piles. Le clocher devait s’élever sur les quatre piles centrales. Dans le même article (fig. 7), on voit aussi le plan du porche de la cathédrale de Limoges, qui date du XIe siècle, ouvert primitivement sur les faces et supportant un clocher. La partie inférieure du clocher de l’église de Lesterps (Charente) présente un porche dont la disposition rappelle le porche de Saint-Benoît-sur-Loire (voy. Clocher, fig. 43 et 44), mais qui date du XIIe siècle.

Ces programmes ne se retrouvent pas dans l’Île-de-France, dans la Normandie, dans la Bourgogne et la Champagne. Les porches sous clochers de l’Île-de-France sont généralement fermés latéralement, comme le porche occidental de l’église abbatiale de Saint-Germain des Prés, et comme celui de l’église de Créteil près Paris[4]. Le porche de l’église de Créteil était, il y a peu de temps, parfaitement conservé ; son aspect était monumental. Il était ouvert par une arcade sur sa face antérieure et voûté en

  1. Voyez Chapelle, fig. 1 et 2 ; PALAIS, fig. 2 et 3.
  2. Voyez, à l’article Clocher, la carte des diverses écoles de clochers (fig. 61), dans laquelle il est démontré que deux prototypes de ces clochers, à Périgueux, à Brantôme, envoient des rameaux jusqu’à Cahors, Toulouse, le Puy, Loches, Saint-Benoit-sur-Loire, etc.
  3. Voyez les ensembles et les détails de ce porche dans l’Architecture du Ve au XVIe siècle, par Gailhabaud.
  4. Cet édifice a été fort altéré il y a peu d’années.