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[porche]
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assez imprudemment sur ces deux faisceaux de colonnes[1]. On voit que ce porche n’est pas placé dans l’axe de la nef A, rebâtie sur un autre plan. Il est surmonté, au premier étage, d’une salle voûtée en berceaux reposant sur des archivoltes, ainsi que le fait voir la coupe (fig. 20). Cette salle ne fait pas tribune sur la nef, elle est fermée et ne s’ouvre de ce côté que par une fenêtre G dont l’appui est posé à 2 mètres au-dessus du sol.

Les porches établis sur ce plan ont donc été adoptés assez fréquemment dans cette partie de la France, c’est-à-dire dans le voisinage de l’abbaye de Cluny ; nous voyons que ces plans persistent pendant le XIIIe siècle. Le beau porche de l’église de Notre-Dame de Dijon fut élevé vers 1230, sur ces données, c’est-à-dire avec trois arcades ouvertes sur la façade, deux piles isolées intérieures portant six voûtes d’arête, une salle supérieure et deux tours qui n’ont point été achevées.

La disposition de ce porche est remarquable. Bâti en bons matériaux, bien qu’avec économie, il est peut-être l’expression la plus franche de l’architecture bourguignonne de la première moitié du XIIIe siècle, si originale, si audacieusement combinée. Il n’a manqué aux architectes de cette école que de pouvoir mettre en œuvre des matériaux d’une rigidité absolue, comme le granit ou même la fonte de fer. Telle était la hardiesse de ces artistes, qu’ils osaient, avec des pierres calcaires, d’une grande résistance il est vrai, mais cependant susceptibles d’écrasement,

  1. M. Millet, chargé de la restauration du charmant édifice, a dû remplacer les colonnes qui s’étaient écrasées; il a placé au milieu de leur groupe une colonne de granit, et a pu ainsi conserver à ce narthex toute son élégance. (Voyez les Archives des monuments historiques, publiées sous les auspices de Son Exc. le ministre d’État.)