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[meurtrière]
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flèche C. Des assiégeants masqués par des mantelets évitaient difficilement les projectiles B, mais ne pouvaient se garantir des projectiles C. La nécessité de laisser les parties inférieures des tours et courtines entièrement pleines pour mieux résister à la sape et à la mine et l’emploi fréquent des archers, dès le milieu du XIVe siècle, pour la défense aussi bien que pour l’attaque, firent percer les meurtrières au sommet des défenses et amenèrent à échancrer leurs rainures, ainsi que l’indique la figure 7. En effet, c’est en Guienne et dans le Maine et le Poitou, c’est dans le Nord que ces meurtrières en croix pattée apparaissent d’abord, c’est-à-dire dans les contrées occupées alors par les armées anglaises, en partie composées d’archers. Dans les murailles d’Avignon, qui datent du milieu du XIVe siècle, nous voyons également des meurtrières en croix pattée ; mais les papes d’Avignon n’avaient guère que des troupes de mercenaires, et parmi celles-ci des archers recrutés en Suisse et dans le Dauphiné.

Ces sortes d’archères se retrouvent partout en France dès le XVe siècle ; leur forme était définitivement adoptée comme la meilleure, en ce qu’elle permettait le tir de plein fouet et à la volée. L’artillerie à feu vint alors modifier de nouveau la forme des meurtrières. Celles-ci ne se composèrent plus que de trous ronds pour passer la gueule du mousquet avec une mire au-dessus (9). Quelquefois ces trous sont doubles, avec une rainure horizontale entre eux deux. Voici une de ces meurtrières qui provient de la porte orientale d’Angolsheim (10). On observera que ces trous sont percés dans une dalle assez mince, posée au nu extérieur du mur de défense et entourée d’un ébrasement en maçonnerie à l’intérieur. Une balle de mousquet envoyée du dehors pouvait très-bien briser la dalle. Cette meurtrière est percée à côté de la porte et commande la route qui descend vers le village ; c’est ce qui explique son élévation