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[meurtrière]
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meurtrières. Du XIIe au milieu du XIVe siècle en France, on n’employait guère comme arme de jet, à main, que l’arbalète.


Or, l’arbalète est une arme excellente pour tirer de but en blanc ; elle a les qualités du mousquet, sauf la portée. Les archers étaient peu employés par les armées, féodales du domaine royal. Dans le Nord, dans les Flandres et en Angleterre, au contraire, ils formaient des corps considérables et avaient acquis, comme nous ne l’avons que trop éprouvé à Crécy, une supériorité marquée sur les arbalétriers, tant à cause de la rapidité du tir de l’arc que par la portée extraordinaire des flèches. Mais les archers, en bataille, tiraient bien plus à la volée que de but en blanc, et, pour qui s’est exercé à tirer de l’arc, il est facile d’apprécier les effets du tir à la volée. La flèche, en retombant verticalement après avoir décrit une parabole, est un projectile terrible en ce qu’on ne peut s’en garantir. Un archer médiocrement exercé envoie facilement une flèche à quarante ou cinquante mètres de hauteur obliquement ; arrivée à fin de course, elle décrit une parabole brusque, et tombant verticalement de cette hauteur elle perce une planche de trois centimètres d’épaisseur. Au lieu de disposer les meurtrières pour le tir d’arbalète rapproché, et de haut en bas seulement, on les fit de telle sorte que les archers pussent tirer à la volée soit par une entaille intermédiaire a (voir la figure 7), soit par une entaille supérieure b. Ainsi (8) l’arbalétrier ou l’archer pouvait, par l’entaille inférieure de la meurtrière, envoyer de but en blanc le trait A, et l’archer seulement par l’entaille intermédiaire envoyait la flèche B, par l’entaille supérieure la