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[meurtrière]
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meurtrière, le tracé B sa coupe sur ab, le tracé D sa face intérieure et le tracé F son aspect extérieur. Afin de donner plus de champ à l’angle du tir, la partie inférieure de la rainure, qui n’a que 0m, 06 d’ouverture, est taillée ainsi que l’indique le détail C ; d donnant le plan, e la face externe, f la coupe.

La formule qui a servi à tracer cette entaille inférieure de la rainure est celle-ci (2) : AB étant l’ouverture intérieure de la meurtrière ; CD l’ouverture que l’on a voulu donner à l’entaille, prenant les points a b à une distance de 0m, 03 ; de ces points ab on a tiré les deux lignes aD, bC. Ces entailles sont primitivement triangulaires ; vers le milieu du XIIIe siècle, elles deviennent carrées, ainsi que nous le verrons tout à l’heure. Ces meurtrières, percées dans les tours, se chevauchent, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas placées les unes au-dessus des autres, mais pleins sur vides, afin de découvrir tous les points de la circonférence. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que l’on reconnaît, dans le percement des archères, l’emploi d’une méthode suivie, un tracé très-habilement calculé. À cette époque, des meurtrières flanquent exactement les courtines à leur base et à leur sommet, de manière à enfiler tout leur parement d’une tour à l’autre. Voici (3) le tracé d’une tour à trois étages, plus l’étage crénelé, comme la plupart de celles qui flanquent l’enceinte intérieure de la cité de Carcassonne, du côté méridional.

Au-dessus de l’empattement ou talus, cette tour ayant 6m,00 de diamètre et ses murs 1m, 20, à 2m,20 environ de la circonférence AB, on a tracé l’arc de cercle CD ; divisant cet arc de cercle en 16 parties égales, oe, ef, fg, gh, etc. ; prenant sur le parement de la tour les points p à 0m,30 du parement de la courtine, on a divisé la circonférence externe de cette tour en 8 parties égales. Alors des points e, g, i, k, etc., on a tiré des lignes passant par les points diviseurs de la circonférence de la tout. Ces lignes ont donné les ouvertures des meurtrières percées dans les trois étages ; les meurtrières a appartenant au rez-de-chaussée, celles b au premier étage et celles c au troisième ; les meurtrières flanquant les courtines étant ainsi doublées dans la hauteur. Donc, tous les points de l’arc de cercle CD sont vus, et au delà les traits se croisent. Ajoutons