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[menuiserie]
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Sur les rives des ais, on interposait une couche de colle de fromage qui faisait adhérer les planches ou les madriers entre eux. Au moyen d’un racloir de fer recourbé, on polissait la face vue et on la recouvrait de peinture, ou on l’intaillait à une faible profondeur en réservant des ornements ou des figures. C’est d’après ce procédé que sont faites les portes en pin de la cathédrale du Puy-en-Vélay qui remontent au XIe siècle. Ces ornements, légèrement découpés en relief, étaient eux-mêmes, ainsi que les fonds, recouverts de peintures sur une impression d’oxyde de plomb (minium)[1].

Deux conditions principales semblent avoir été imposées aux œuvres de menuiserie du moyen âge : économie de la matière, et la plus grande force possible laissée au bois au droit des assemblages. — Économie de la matière, en ce que les renforts sont évités du moment qu’ils ne peuvent être compris dans une pièce équarrie ; en ce que les panneaux, par exemple, n’ont jamais que la largeur d’une planche, c’est-à-dire 0m,22 au plus, 8 pouces ; les montants et traverses, 0m,08, 3 pouces au plus, pour les ouvrages ordinaires. — Plus grande force possible laissée

  1. Beaucoup de menuiseries anciennes conservent des traces d’une impression au minium, et cette impression a singulièrement contribué à leur conservation. Ce procédé, renouvelé depuis une dizaine d’années par nous-même, donne d’excellents résultats. Aujourd’hui, il est assez généralement adopté. (Voyez, relativement à l’assemblage et au polissage des ais, l’œuvre du moine Théophile, Diversarum artium schedula, lib, I, cap. XVII.)