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[maison]
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sont disposées des cheminées sur les murs mitoyens, cheminées dont les têtes sont visibles dans l’élévation. Ainsi donc sur un terrain de 100 mètres environ, sur lesquels 49 mètres superficiels étaient réservés à la construction, l’architecte bourguignon de la petite ville de Vitteaux trouvait le moyen d’élever une maison capable de loger convenablement une famille dans des pièces saines, bien éclairées, assez spacieuses, et pour une somme évidemment très-modique ; car on remarquera que le mur de face et les murs mitoyens sont seuls en maçonnerie ; les planchers portent sur ces deux murs mitoyens et sur le pan de bois du milieu.


Une construction de ce genre, avec le mode adopté, coûterait, caves comprises, en province, 250 fr. le mètre superficiel ; la maison reviendrait donc à la somme de 12 250 fr. Or, nous pouvons voir les bâtisses que l’on élève tous les jours dans les petites villes des départements ; sur une surface aussi peu étendue, elles coûtent plus cher, sont moins saines et moins commodes, mais aussi sont-elles remarquablement laides, bien qu’elles essayent de ressembler à la grosse maison bourgeoise de la grande ville la plus voisine. Ce n’est certainement pas la richesse de l’ornementation qui plaît dans ces constructions civiles, puisqu’elles sont généralement dépourvues de sculpture jusqu’au XVe siècle ; ce n’est pas non plus cette symétrie vulgaire tant prisée par les édilités modernes. Ce qui plaît, ce qui charme dans ces modestes bâtisses, c’est l’empreinte des besoins et des habitudes de la famille qu’elles protègent ; c’est la sincérité des procédés de construction, l’imprévu, l’adresse et