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romaine résiste à l’influence du nord ; tandis que dans les villes plus indépendantes ou immédiatement placées sous le pouvoir royal, la maison de bois tend chaque jour à remplacer la maison de pierre. Le plus ou moins d’abondance de l’une de ces deux matières, à proximité des centres de population, bois ou pierre, n’avait pas une influence décisive sur le système de construction adopté.

Pour ne pas sortir des limites de cet ouvrage, nous devons nous borner à signaler ce fait, dont nous essayerons ailleurs de donner l’explication.

maisons des villes. — La rareté du terrain, dans les villes ou bourgades fermées, obligeait les constructeurs à élever plusieurs étages au-dessus du rez-de-chaussée. Si à Rome, dans l’antiquité, les maisons possédaient un grand nombre d’étages superposés, il ne paraît pas que cette méthode fût suivie dans les villes provinciales. À Pompeï, les maisons n’ont qu’un rez-de-chaussée, à très-peu d’exceptions près ; les peintures antiques indiquent rarement des habitations composées de plusieurs étages. Au contraire, dès l’époque mérovingienne, les maisons urbaines possèdent un ou plusieurs étages au-dessus du rez-de-chaussée ; les auteurs mentionnent souvent leurs étages, et les représentations sculptées ou peintes nous les montrent plutôt dans la forme de tours ou de pavillons élevés que comme des logis juxtaposés. Grégoire de Tours signale des maisons à plusieurs étages : « Priscus, dit-il, avait ordonné, au commencement de son épiscopat, que l’on exhaussât les bâtiments de la maison épiscopale[1]. »… « Le duc Beppolen étant à table dans une maison à trois étages, tout à coup le plancher s’écroula[2]… »

Les maisons mérovingiennes, dont il reste des traces nombreuses dans le nord de la France, se composent habituellement d’une cave en maçonnerie non voûtée, surmontée de constructions de bois ; leur périmètre est petit et les logements devaient nécessairement être superposés. C’est d’après ce programme que paraissent avoir été construites les maisons dont nous donnons ici (1 et 2) les copies. La figure 1 indique évidemment une construction de bois ; mais il faut dire qu’elle se trouve sur un chapiteau de l’église primitive de Vézelay, antérieure à l’établissement de

  1. Hist. Franc. Lib. IV, cap. XXXVI.
  2. Ibid. Lib. VIII, cap. XLII.