Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 6.djvu/208

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[mâchicoulis]
— 205 —

bant de ces mâchicoulis ; mais il faut dire que cette tour est élevée sur un escarpement de rochers et que l’assiégé comptait sur les ricochets. On ne tarda pas cependant à chercher un système de mâchicoulis continus pouvant battre toute l’étendue des remparts, et ceux-ci furent, à leur base, disposés en prévision des effets produits par la chute des projectiles, ainsi que cela avait été tenté déjà pour les Hourd (voyez ce mot). On voulut aussi que les mâchicoulis pussent battre les angles saillants. Mais ces perfectionnements ne furent introduits dans l’art de la fortification des places et châteaux que vers le milieu du XIVe siècle. On voit des mâchicoulis de cette époque fort bien établis au sommet de la tour du château de Beaucaire. Le plan de cette tour, ou plutôt de ce donjon, donne la figure ci-contre (8), présentant vers l’extérieur de la forteresse le bec saillant A.

Bien que ce bec domine un escarpement de rocher considérable et qu’il soit plein, cependant il est couronné par la rangée de mâchicoulis qui pourtourne l’ouvrage. En plan (9), les consoles de ces mâchicoulis biaisent pour arriver à former deux lignes parallèles à la pointe, ainsi que l’indique le tracé A. Le bec est donc dominé par un créneau perpendiculaire à son axe et par deux trous de mâchicoulis triangulaires ; il est défendu. Nous en présentons en B la vue perspective. Le profil C est pris sur l’axe d’une arcature de mâchicoulis. On remarquera la saillie D, ménagée en contre-bas des consoles, et qui était destinée à empêcher les projectiles E, tombant par les trous, de ricocher le long des aspérités des parements, ce qui les eût fait dévier de leur ligne verticale de chute ; or, la ligne verticale de chute était calculée avec grand soin par les constructeurs militaires, elle venait toujours rencontrer un talus qui faisait décrire à ces projectiles une certaine parabole en raison de leur poids et de la hauteur de la muraille. Si l’assaillant venait se loger au pied même du rempart, il pouvait facilement se garantir des projectiles tombant verticalement au moyen d’un pavois bardé de fer et rembourré d’étoupes, mais il lui était bien plus difficile de parer des coups arrivant obliquement ; d’ailleurs, ces coups empêchaient les approches. Afin d’être assurés de l’effet des projectiles tombant à travers les mâchicoulis, les assiégés avaient le soin de les faire tailler. Dans des sièges longs et