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plus de 1m,95 c. de saillie (une toise). Il n’est pas nécessaire de s’étendre ici sur ces hourds simples, dont nous avons suffisamment indiqué la construction dans l’article Architecture Militaire, fig. 32. Mais souvent, au XIIIe siècle, il est question de hourds doubles, notamment dans l’Histoire de la croisade contre les Albigeois[1].

À Toulouse, assiégée par le comte Simon de Montfort, les habitants augmentent sans cesse les défenses de la ville :

« E parec ben a lobra e als autres mestiers
Que de dins et de fora ac aitans del obriers
Que garniron la vila els portals els terriers
Els murs e las bertrescas els cadafales dobliers
Els fossatz e las lissas els pons els escaliers
E lains en Toloza ac aitans carpentiers.
..............[2] »

Ailleurs, au siège de Beaucaire :

« Mas primier fassam mur ses caus e ses sablo
Ab los cadafales dobles et ab ferm bescalo[3]. »

Nous avons dû chercher sur les monuments mêmes la trace de ces hourds à deux étages. Or, à la cité de Carcassonne, des deux côtés de la porte Narbonnaise, dont la construction remonte au règne de Philippe le Hardi, nous avons pu reconnaître les dispositions d’un de ces échafauds doubles, indiquées par la construction de merlons très-puissants et taillés d’une manière toute particulière. Ces merlons (4) sont appareillés en fruit sur le chemin de ronde, ainsi que l’indique le profil A. Leur base est traversée au niveau du chemin de ronde, par des trous de hourds de 0,30  c. de côté, régulièrement espacés. Sur le parement du chemin de ronde du côté de la ville est une retraite continue B. Les hourds doubles étaient donc disposés ainsi : de cinq pieds en cinq pieds passaient par les trous de hourds les fortes solives C, sur l’extrémité desquelles, à l’exté-

  1. Voy. Coll. des docum. inéd. sur l’hist. de France, 1re série ; Hist. polit. ; Hist. de la croisade contre les hérét. albigeois, en vers provençaux, par un poëte contemporain, trad. par M. C. Fauriel ; 1837.
  2. Vers 6 854 et suiv.

    « Il y parut bien à l’œuvre et aux autres métiers ;
    Dedans comme dehors on ne voit qu’ouvriers
    Qui garnissent la ville et les portes et les plates-formes,
    Les murs et les bretèches, les hourds doubles,
    Les fossés et les lices, les ponts, les escaliers,
    Et dans Toulouse ce ne sont que charpentiers.
    .................. »

  3. Vers 3 988 et suiv.

    « Mais auparavant faisons un mur sans chaux ni sable
    Avec un double hourd et escalier solide. »