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qu’une chapelle sera bâtie avec quatre autels ; que les frères et sœurs, au nombre de vingt, chargés des soins intérieurs, auront pour mission de donner à manger et à boire à ceux qui auront faim et soif, de recevoir les étrangers et pèlerins et de les héberger, de vêtir les pauvres, de visiter les malades, de consoler les prisonniers et d’ensevelir les morts ; que les frères et sœurs auront des dortoirs et réfectoires séparés, et ne devront prendre leurs repas qu’après le service des malades. L’hôpital fut promptement élevé, et Marguerite se fit bâtir, à côté, un logis pour pouvoir surveiller elle-même son établissement ; lorsqu’elle mourut, en 1308, les bâtiments et leurs dépendances étaient complétés depuis longtemps. Il nous reste de cet hôpital la grande salle et quelques dépendances, et nos lecteurs ne nous sauront pas mauvais gré probablement de leur donner un ensemble ainsi que des détails de la partie principale de cette grande salle, en même temps chapelle et hospice.

La figure 6 présente le plan à l’échelle de 0,001m pour mètre. En A est la grande salle, autrefois précédée d’un porche B avec escalier, dont nous allons indiquer la destination. Cette salle contenait quarante cellules de boiseries, sortes d’alcôves dans chacune desquelles était placé un lit (voir en C). En D était un autel principal sous une voûte, et en F deux chapelles également voûtées. Le tombeau de la fondatrice était en E, et se composait d’une figure de bronze couchée sur un sarcophage. La sacristie des chapelles était en G. En H, un jubé, posé devant le chœur, mettait en communication deux galeries latérales qui, établissant une circulation continue au-dessus des alcôves, permettaient d’ouvrir les fenêtres et de surveiller l’intérieur des cellules. On pouvait monter à ces galeries par l’escalier latéral du porche[1] et par un escalier I qui était mis en communication avec une galerie réunissant le logis L de la reine à la grande salle. De ses appartements, situés au premier étage de ce logis, cette princesse pouvait ainsi, soit descendre dans la salle, soit inspecter les cellules en se promenant sur la galerie qu’elles portaient. En Z était une petite chapelle. Les bâtiments de service de l’hôpital sont situés en K et la cuisine en M. On communiquait de ces bâtiments avec la salle au moyen d’une autre galerie N aboutissant à une petite porte. La voie publique passe en O. En P était le cimetière ; en J, le jardin de la reine, borné par la muraille de la ville et par le ruisseau de Fontenille. En R, un lavoir ; en V, un bras de l’Armençon, et en S le prieuré. Deux canaux souterrains passant des deux côtés de la grande salle entraînaient

  1. Les comptes de 1556, d’après l’excellent travail de M. C. Dormois cité plus haut, présentent des dépenses occasionnées par la réfection de l’une de ces galeries. « Payé à Jehan Desmaisons, charpentier, la somme de 91 liv. 40 s. pour la fasson de la grande gallery dudit hospital, contenant 20 toises de long et 2 de large… À Nicolas…, maçon, pour avoir fait la massonnerie pour soutenir les poteaux d’icelle gallery… À Jehan et Pierre les Mathieux, couvreurs, la somme de 8 liv. 13 s. pour avoir couvert l’escalier de la d. gallery… À Jehan, marchand,… pour ferrer les portes de l’hospital et les chevrons de la grande gallery,… » etc.