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en fer. Dans un mémoire sur le blocus d’Alésia[1], M. le capitaine du génie Prévost nous paraît avoir parfaitement compris comment étaient façonnés les stimuli dont parle César. Parmi les objets antiques trouvés près d’Alise, dit le savant officier, on remarque des broches en fer, qui ont résolu pour lui la question des stimuli. Ces morceaux de fer ont 0,29 c. et un peu plus, c’est-à-dire qu’ils ont un pied romain ; leur équarrissage au milieu est de 0,01 c. ; ils sont cintrés en côte de vache et appointés par les deux bouts. « Tous les auteurs, ajoute M. Prévost, qui ont parlé des stimuli de César, ont cru qu’ils consistaient en un rondin de bois enfoncé en terre, avec une pointe en fer encastrée elle-même dans le piquet et surgissant au-dessus du sol. Quelque simple que soit cet objet, il est encore difficile à exécuter : on aurait fendu bien des rondins, en essayant d’y introduire de force une tige de fer ; il aurait fallu ensuite appointer cette dernière en la limant à froid, ce qui eût demandé beaucoup de temps » (puis fallait-il avoir des limes) ; « on eût été obligé de frapper avec précaution sur la tête du piquet en bois pour l’enfoncer en terre sans risquer de le fendre. Toutes ces minuties sont très-appréciées de ceux qui ont l’occasion de faire exécuter rapidement de petits objets en nombre immense par les premiers individus venus[2]. Rien n’est plus facile avec les broches trouvées à Alise : quelques forgerons les fabriquaient ; ils faisaient aussi les petits crampons A, pareils à ceux avec lesquels nous attachons nos conducteurs sur les mandrins de bourrage des fourneaux de mine. On fixait à l’aide de deux de ces crampons la broche sur la paroi d’un rondin ayant un pied de long. Maintenu en C et en D, le fer ne pouvait glisser le long du bois dans aucun sens, puisqu’il avait son plus fort équarrissage au milieu… » et une courbure qui le forçait de se serrer fortement contre le bois. « Peut-être mettait-on deux ou trois broches pareilles autour du même piquet ; dans ce dernier cas, il fallait, pour l’enfoncer en terre, frapper sur sa tête par l’intermédiaire d’un rondin recevant les coups de la masse ; alors l’engin représentait encore mieux le hamus du texte latin. » De leur côté, les Gaulois, du temps de César, entouraient leurs camps et places fortes de fossés creusés en terre ou même dans le roc ; ces derniers étaient à parois verticales avec rempart intérieur. C’est ainsi que sont disposées les défenses de l’oppidum gaulois que l’on voit encore à l’extrémité occidentale du mont Ganelon, près Compiègne. Les fossés de cette place ont dix mètres de largeur sur une profondeur de trois à quatre mètres, sont séparés l’un de l’autre par un espace de quinze mètres

  1. Recherches sur le blocus d’Alesia. Paris, 1858. Leleux.
  2. C’est en appuyant les recherches archéologiques sur ces observations pratiques que l’on peut en effet arriver aux découvertes sérieuses, et M. Prévost est ici parfaitement dans le vrai, lorsqu’il dit que beaucoup de ces questions si longuement débattues entre les archéologues ne peuvent être réellement résolues que par les praticiens.