Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 5.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[engin]
— 258 —

leviers et de coins glissés sous la culasse. On se servait aussi, à la fin du XVe siècle et dès le temps de Louis XI, de projectiles de fer rougis au feu. Georges Chastelain[1] dit qu’au siège d’Audenarde les Gantois « battirent de leurs bombardes, canons et veuglaires, ladite ville, et entre les autres, firent tirer de plusieurs gros boulets de fer ardent du gros d’une tasse d’argent, pour cuider ardoir la ville. »

Mais revenons aux affûts. Afin de rendre le pointage des pièces possible soit verticalement, soit horizontalement, on adapta d’abord deux roues à la partie antérieure de l’affût, et on divisa celui-ci en deux pièces superposées, celle du dessus pouvant décrire un certain arc de cercle (29).


Le canon était encastré et maintenu dans des pièces de bois assemblées jointives, pivotant sur un boulon horizontal C posé sous la bouche. La queue très-allongée de ces pièces de bois faisait levier, était soulevée et arrêtée plus ou moins haut à l’aide de broches de fer passées dans la double crémaillère B. Ainsi la queue pouvait être élevée jusqu’en A′. La partie inférieure fixe de l’affût reposait à terre et était armée de deux pointes de fer D destinées à prévenir les effets du recul. En E est représenté le bout inférieur de l’affût avec ses deux pointes et les deux membrures superposées. Toutefois, les membrures supérieures recevant la bouche à feu, si longue que fût la queue, il n’en fallait pas moins beaucoup d’efforts pour soulever cette masse, ce qui rendait le pointage fort lent. D’ailleurs, pour faire glisser jusqu’à la charge de poudre les énormes boulets de pierre qu’on introduisait alors dans les bombardes, il était nécessaire de donner une inclinaison à la pièce, de la gueule à la culasse ; il fallait, après chaque coup, redescendre la membrure supérieure de l’affût sur celle inférieure, charger la pièce, puis pointer de nouveau en relevant la queue de la membrure au point voulu. On chercha donc à rendre cette manœuvre plus facile. Au lieu de faire mouvoir toute la membrure supérieure sur un

  1. Chron. de J. De Lalain.