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[voûtes]
[construction]
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cathédrale de Langres, et ce n’est pas sans motifs (voy. le plan B, fig. 41.). En effet, le formeret C, étant plus large à la base que l’archivolte D, monte sa clef plus haut, ce qui permet d’ouvrir de grands jours propres à éclairer le chœur. Le triforium E, occupant un espace assez considérable entre la clef des archivoltes de la galerie de premier étage et l’appui des fenêtres supérieures, permet d’établir un comble F sur cette galerie avec pente suffisante, malgré l’inclinaison de la voûte G. Examinons cette coupe avec attention. Nous voyons que le tailloir du chapiteau de la pile A reçoit en encorbellement la base de la colonne H qui porte la nervure de la voûte ; cette colonnette et les deux autres qui la flanquent et portent les formerets ne font pas corps avec la bâtisse (voy. le plan), mais sont composées de grands morceaux de pierre posés en délit. Il en est de même des colonnettes adossées de la galerie et de la colonne engagée I. Ainsi la pile à la hauteur de la galerie est un parallélépipède composé d’assises et entouré de colonnes en délit comme de chandelles de charpente, afin d’obtenir du roide sous les charges et poussées supérieures. Il en est de même pour ces piles à la hauteur du triforium E (voy. le plan) : le noyau est monté en assises, et les colonnettes qui l’entourent sur trois côtés sont posées en délit. Les grandes colonnettes de tête sont reliées par des bandeaux, formant bagues, au corps de la construction, par leur base et le chapiteau K sous les sommiers. Pour maintenir ce quillage, il fallait avoir recours aux arcs-boutants. On voit, dans le plan du rez-de-chaussée (fig. 41), que l’architecte, voulant ouvrir ses chapelles autant que possible, n’avait fait en arrière de la pile de tête K qu’une cloison de pierre fort légère. Il ne pouvait élever sur cette cloison une culée pleine ; aussi avait-il contre-butté les voûtes de la galerie du premier étage par un premier arc-boutant L (voy. la coupe), reportant cette poussée sur la culée éloignée du mur de la galerie. Mais l’espace lui manquait à l’extérieur, et il ne voulait pas que la saillie des contre-forts dépassât la ligne circulaire enveloppant les chapelles. Cette culée était donc assez peu profonde et hors d’état de résister à la poussée du grand arc-boutant. Au lieu donc de faire naître le grand arc-boutant à l’aplomb du parement M, le constructeur a avancé cette naissance en O. Il obtenait ainsi de O en P une culée puissante, et s’il chargeait les reins de l’arc-boutant inférieur L, celui-ci était rendu très-résistant d’abord par la largeur extraordinaire qui lui est donnée, ensuite par la charge supérieure R qui pèse sur sa culée. De plus, pour éviter l’effet des poussées de la grande voûte entre l’arrivée du grand arc-boutant S et la naissance des voûtes T, il a posé sur le mur extérieur du triforium E une colonne V en délit qui roidit parfaitement cet espace, ainsi que pourrait le faire une forte chandelle de charpente. De plus, sous ce sommier T qui forme linteau dans le triforium et qui déborde quelque peu à l’extérieur, l’architecte a bandé un arc Q qui étaye puissamment tout le système supérieur de la construction[1] et donne

  1. Ces arcs ont été détruits depuis et remplacés par des maçonneries et du bois