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[voûtes]
[construction]
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barlong des chapiteaux A les sommiers B taillés de façon à recevoir une voûte d’arête simple, autant cela devenait difficile lorsque la voûte d’arête comportait des arcs doubleaux et des arcs ogives. Cette difficulté n’était pas la seule.


Si nous nous représentons une tranche du plan de l’abside de l’église de Notre-Dame-du-Port avec son collatéral (36), nous voyons que les pénétrations des demi-cylindres A et B dans le berceau circulaire CC′ donnent en projection horizontale les deux lignes croisées EF, GH. Observons que, le portique étant sur plan circulaire, l’ouverture HF est plus grande que l’ouverture EG ; que si nous élevions un plein cintre sur HF et un autre sur EG, ce dernier aurait sa clef beaucoup plus bas que le premier ; que la pénétration du demi-cylindre dont le diamètre est EG dans le berceau circulaire CC′ tracerait en projection horizontale la ligne E′LG′, et que, par conséquent, il n’y aurait pas voûte d’arête, mais simplement pénétration d’un petit cylindre dans un grand. Pour obtenir une voûte d’arête EFGH, les constructeurs ont donc relevé le plein cintre tracé sur EG, ainsi que l’indique le rabattement IKM, en prenant une flèche NM égale à la flèche OP. Ainsi, les tailloirs des quatre colonnes accolées et isolées RSTV étant au même niveau, les deux clefs MP se trouvaient sur la même ligne horizontale, laquelle commandait la longueur de la flèche du berceau CC′. L’idée de surélever les pleins cintres bandés sur les colonnes isolées TV n’était donc pas un caprice, une fantaisie de barbares, encore moins une imitation orientale, comme on l’a quelquefois prétendu, mais le résultat d’un calcul bien simple de constructeur.

Ce premier pas fait, voyons maintenant comment les architectes du XIIe siècle, inaugurant la voûte en arcs d’ogive sur plan circulaire, essayèrent d’aller plus loin. N’oublions pas qu’un des motifs qui avaient fait adopter la voûte en arcs d’ogive, c’était le désir de s’affranchir de