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d’assemblage de ces croix d’amortissement mérite d’être étudié avec soin par les constructeurs ; car ces pièces de fer, posées à une grande hauteur, plus lourdes au sommet qu’à la base, étaient exposées aux ouragans et ne tardaient pas à se rompre, à se fausser ou à fatiguer leurs attaches. Si ces croix étaient scellées dans la pierre, il fallait, pour éviter l’ébranlement causé dans le scellement par l’effort du vent sur le corps de la croix, procéder avec des précautions extraordinaires. La tige principale se composait de trois ou cinq pièces : une âme et deux ou quatre arcs-boutants. Supposons un sommet de flèche en pierre composé d’assises (12). La partie évidée de la pyramide s’arrête en B. La tige principale en fer carré CD traverse les assises pleines du sommet de la flèche, formant amortissement, et son extrémité inférieure est arrêtée par une clavette en D. Deux ou quatre arcs-boutants en E, maintenus par deux frettes IK, contournés suivant le profil du couronnement, viennent butter contre un épaulement de la tige en G ; de sorte que si le vent pousse la tige centrale d’un côté, son effort est neutralisé par la résistance qu’opposent les arcs-boutants, résistance qui se résout en une pression en F ou en L. Quant aux deux branches de la croix, elles ne sont pas assemblées à mi-fer, ainsi que cela se pratique dans la serrurerie moderne, et ce qui est fort mauvais, mais au moyen d’une emboîture renforcée, avec trou pour passer un boulon ou un gros rivet, ainsi que l’indique la fig. 13.

Ces menus détails ne sont pas à dédaigner ; trop souvent, de nos jours, on abandonne leur exécution à un entrepreneur qui, à son tour, s’en rapporte à un chef d’atelier, qui se fie à l’intelligence de l’ouvrier. Un accident arrive, on s’en prend à l’architecte, qui rejette la faute sur l’entrepreneur, qui fait retomber le blâme sur le chef d’atelier, qui accuse l’ouvrier, lequel a quitté le chantier depuis six mois !…

Si la croix de fer est posée au sommet du poinçon d’une flèche en bois, sa tige forme, sous l’embase, une fourchette à deux, trois ou quatre branches, suivant le degré de force que l’on veut donner à la croix et la résistance qu’elle doit opposer au vent. Les branches de la fourchette, clouées sur le bois, sont, en outre, munies de frettes serrées à chaud, afin de maintenir puissamment l’armature. Si la croix est d’une très-grande dimension (une croix d’une flèche comme celle d’Amiens ou de Notre-