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et du Périgord, lesquelles sont assises sur des constructions disposées dès la base pour les recevoir, et qui, à l’extérieur comme à l’intérieur, se relient parfaitement aux parties inférieures.

Mais avançons. Pendant que dans l’ouest de la France nous voyons la coupole sur pendentifs prendre racine et se développer, que dans les provinces du centre on cherche à la poser sur des trompes, sur des encorbellements, sur des corbeaux ; en Provence, au commencement du XIIe siècle, la coupole couronne aussi les édifices religieux. En Auvergne, c’est sur le plan de la basilique latine que vient se poser la coupole ; en Provence, c’est sur le plan romain emprunté aux salles des thermes, composées de travées avec contre-forts intérieurs, sur des plans qui se rapprochent de l’édifice connu à Rome sous le nom de basilique de Constantin, que s’implante la coupole. L’église de Notre-Dame-des-Dons à Avignon, quoique mutilée aujourd’hui, nous présente un exemple de l’invasion de la coupole sur des plans qui n’étaient nullement disposés pour la recevoir. L’unique nef de l’église de Notre-Dame-des-Dons se composait de travées barlongues voûtées en berceau sur arcs doubleaux en tiers-point maintenus par d’énormes contre-forts, entre lesquels s’ouvrent aujourd’hui des chapelles intérieures. Voici (10) le plan de trois de ces travées, l’église n’en comportant que six. Sur l’avant-dernière, au lieu d’un berceau, huit arcs longitudinaux plein cintre, en encorbellement les uns sur les autres, reposent sur les deux grands arcs doubleaux, ainsi que l’indiquent les lignes ponctuées KL sur notre plan, afin d’arriver au carré parfait ABCD. À l’intérieur de ce carré, quatre trompillons forment l’octogone. C’est sur cette base que s’élève une petite coupole dont la calotte hémisphérique porte sur huit colonnes entre lesquelles s’ouvrent des fenêtres. Nous donnons (11) la coupe de cette construction sur la ligne transversale EF, coupe qui nous évitera de plus longues explications. À l’extérieur, cette coupole est un petit édifice octogonal paraissant reposer sur le dallage dont est composée la couverture, et ne se reliant d’aucune façon au reste de l’église. À l’église de la Major, à Marseille, on trouvait une disposition analogue à celle-ci.

Nous devons donc constater ici encore une influence byzantine (car cette coupole de Notre-Dame-des-Dons rappelle parfaitement certaines petites coupoles grecques) venant se mêler à des traditions latines. Si nous nous transportons des bords da Rhône sur les bords du Rhin, nous allons trouver aussi des monuments du XIIe siècle dans lesquels la coupole apparaît, et c’est toujours la coupole byzantine, bien qu’elle ne soit pas élevée sur pendentifs. Mais, d’abord, faisons une excursion à Athènes. L’une des plus grandes églises de cette ville est l’église de Saint-Nicodème[1], dont nous donnons (12) le plan, conforme d’ailleurs à la plupart des plans grecs. Une seule coupole surmonte le centre de l’édifice. Si nous faisons une coupe sur la ligne AB, voici (13) le tracé que nous obtenons : quatre

  1. Voy. Choix d’églises byzant. en Grèce, par A. Couchaud ; 1842.