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[corniche]
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faite entre deux corbeaux ; en B, sa face ; en C, sa projection horizontale, et en D, son aspect. Là est l’origine de la corniche franchement bourguignonne, qui ne cesse d’être adoptée jusque pendant le XIIIe siècle ; corniche dont les corbeaux sont juxtaposés sans intervalles entre eux, et dont la forme la plus générale est celle donnée par la fig. 5[1].


Le tracé de cette corniche, en projection horizontale, donne une suite de demi-cercles creusés entre chaque corbeau ; ceux-ci sont donc évidés latéralement en quart de cercle. En coupe, ces corbeaux sont tracés suivant un quart de cercle convexe, comme l’exemple fig. 4, avec ou sans crochets : ce sont les plus anciens ; ou en quart de cercle concave, avec biseaux, comme l’exemple fig. 5 : ce sont les plus modernes. Les corniches romanes bourguignonnes indiquent, comme tous les membres de l’architecture de cette province, un art du trait avancé, et surtout une observation très-fine des effets produits par les lumières et les ombres. Aussi ces corniches, bien que simples à tout prendre, ont-elles une apparence de fermeté et de richesse en même temps qui satisfait les yeux ; elles couronnent les murs d’une façon monumentale, en produisant un jeu de lumières et d’ombres très-piquant et qui contraste avec la nudité des parements. Avant le XIIIe siècle, c’est dans les provinces du centre et en Bourgogne qu’il faut aller chercher des corniches d’un grand caractère et bien combinées. Dans le nord, au contraire, pendant la période romane, les corniches sont pauvres, peu saillantes (ce qui tient à la qualité des matériaux, ainsi que nous l’avons dit plus haut) et peu variées comme composition. Cependant la corniche à corbeaux se rencontre partout, avant le XIIIe siècle : c’est un parti pris, et les exceptions sont rares. Les architectes romans du nord poussent même l’application du principe de la

  1. Des chapelles de l’église Notre-Dame de Dijon, commencement du XIIIe siècle.