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possible ; ils bloquaient des maçonneries sous les combles des collatéraux au droit de ces poussées, dans l’espoir d’empêcher le déversement des piles ; ils posaient des chaînages en bois transversaux à la base de ces contre-forts masqués par la pente des combles, pour rendre les piles solidaires des murs extérieurs. Ces expédients étaient suffisants dans de petites constructions ; ils ne faisaient, dans les grandes, que ralentir l’effet des poussées sans les détruire complètement.

Il faut se rendre compte de ces effets pour concevoir la suite de raisonnements et d’essais par lesquels les constructeurs passèrent de l’ignorance à la science. Soit (15) la coupe transversale d’une église romane de la fin du XIe siècle, construite, comme celle de Vézelay, avec voûtes d’arêtes sur les collatéraux et sur la nef centrale. En A la construction est figurée telle que l’architecte l’avait conçue ; en B, telle que l’effort des voûtes hautes l’avait déformée. On avait eu le soin de laisser des tirants en fer C D à la naissance des arcs doubleaux ; mais ces tirants, mal forgés probablement, s’étaient brisés. Un siècle et demi après la construction de la nef, les effets produits avaient déjà causé la chute de plusieurs voûtes, et on avait à la hâte construit les arcs-boutants extérieurs E ponctués sur notre dessin. Ces effets étaient : 1o déversement des piles et murs qui les relient de F en G, par suite affaissement des arcs doubleaux en H à la clef, écrasement des lits des claveaux des reins de ces arcs en I à l’intrados ; 2o dislocation des arcs doubleaux K des collatéraux, comme notre figure l’indique ; par