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tions défensives d’une résidence obligeaient les habitants à ouvrir le moins de jours possible à l’extérieur, si les cours des châteaux entourés de bâtiments élevés étaient tristes et sombres souvent, les habitants, cependant, cherchaient, par toutes sortes de moyens ingénieux, à se procurer des vues sur la campagne, de l’air et du soleil. De là ces tourelles flanquantes, ces échauguettes, ces encorbellements, ces retours d’équerre qui permettaient d’ouvrir des jours masqués du dehors. Des habitudes fort sensées imposaient encore aux architectes, dans les grandes habitations, des dispositions particulières. On n’admettait, pendant le moyen âge, pas plus que pendant l’antiquité, qu’une grande salle et une petite chambre eussent la même hauteur entre planchers ; qu’un couloir fût aussi élevé que les pièces qu’il est destiné à desservir. Il a fallu des siècles de faux raisonnements en architecture pour oublier des principes si vrais et pour nous obliger à vivre dans de grandes salles basses sous plafond, si l’étage que nous occupons est bas, ou dans de petits cabinets démesurément élevés, si nous possédons un étage ayant quatre ou cinq mètres entre planchers. Dans de grandes villes, les étages étant réglés forcément, on comprend encore que la nécessité ait imposé des dispositions aussi peu commodes que ridicules ; mais là où l’architecte est libre, dans une maison de plaisance, dans un château, il est fort peu raisonnable de ne pas avoir égard aux dimensions en superficie des pièces pour fixer la hauteur qui convient à chacune d’elles, d’éclairer des cabinets ou couloirs par des fenêtres ayant la