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Marne, qui se recommande par son extrême légèreté.


Nous donnons (25) une des fermes-maîtresses de cette charpente, en A et en B un des chevrons. Ceux-ci ne sont rendus rigides que par les deux contre-fiches croisées C C et les jambettes D. Ici le berceau en tiers-point se compose de deux segments de cercle dont le centre est posé en contrebas de l’entrait.

C’était dans les grand’salles des châteaux, des abbayes, des évêchés, des édifices publics, que les charpentiers du moyen âge étaient particulièrement appelés à déployer toutes les ressources de leur art. Chaque demeure féodale renfermait un vaste espace couvert, qui servait de salle de réunion dans les solennités, lorsque le seigneur exerçait ses droits de justicier, lorsqu’il conviait ses vassaux soit pour des fêtes, soit pour prendre part à ses actes de chef militaire. En temps de siège, la grand’salle du château servait encore de logement à un supplément de garnison ; en temps de paix, c’était encore un promenoir comme nos salles des Pas-Perdus annexées aux palais de justice modernes. Généralement, ces grand’salles étaient situées au premier ou même au second étage, le rez-de-chaussée servant de magasin, d’écurie, de réfectoire et de dépôts d’armes. N’étant couvertes que par la toiture, et les murs des châteaux ne pouvant être renforcés par des contreforts qui eussent gêné la défense, ces salles n’étaient pas voûtées, mais de magnifiques charpentes, lambrissées à l’intérieur, formaient un abri sûr contre les intempéries de l’atmosphère.

Le Palais de la Cité, à Paris, avait sa grand’salle couverte par un double berceau en tiers-point lambrissé reposant sur une rangée de piliers réunis