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[cloche]
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La fonte des cloches était autrefois une affaire majeure. Les fondeurs n’avaient pas d’usine, mais se transportaient dans les localités où l’on voulait faire fondre des cloches. On creusait une fosse près de l’église, on bâtissait un fourneau, et c’était, pour les habitants des paroisses, une préoccupation grave de savoir si la fonte réussirait ou non. On lit, dans les registres des comptes de l’œuvre de l’église de Troyes, qu’en 1475 Jacques de la Bouticle et Robinet Reguin viennent à Troyes fondre plusieurs cloches. Pour les exciter à bien faire, « les chanoines leur font présent de harengs, de carpes et d’autres choses ; Me  J. de la Hache, marchand, leur donne en outre 10 pintes de vin. Les vicaires de l’église visitent les ouvriers, chantent le Te Deum et assistent à la bénédiction des cloches[1]. »

La plus ancienne cloche fondue que nous ayons vue est celle qui se trouvait encore, en 1845, dans la tour de l’église abbatiale de Moissac. Elle était fort belle, d’une fonte admirable, non retouchée au burin et d’un son plein. La forme était assez remarquable pour que nous croyions devoir en donner le profil, à 0,05 c. pour mètre, rapporté très-exactement (1)[2].

  1. Comptes de l’œuvre de l’église de Troyes.
  2. Cette même année 1845, la cloche de Moissac se fêla ; elle fut refondue, mais les fondeurs se gardèrent de reproduire la forme ancienne.