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une clef du commencement du XIVe siècle appartenant aux voûtes de l’ancienne cathédrale de Carcassonne, qui conserve encore la disposition des clefs primitives du XIIIe siècle, c’est-à-dire les deux têtes venant remplir les deux angles les plus ouverts formés par la rencontre des arêtiers. L’une de ces têtes représente le Christ, l’autre la sainte Vierge. La rosace se compose d’une couronne de feuilles sortant d’une branche circulaire. En A, nous avons tracé le profil du plateau.

Vers la fin du XIIIe siècle, les clefs d’arcs ogives furent décorées fréquemment d’écussons armoyés, d’abord entourés d’ornements, de feuillages, puis plus tard soutenus par des anges, ou dépouillés d’accessoires. L’église de Saint-Nazaire, cathédrale de Carcassonne, possède des clefs sous lesquelles sont sculptées les armes de France (anciennes) et celles du fondateur du chœur, Pierre de Roquefort ; voici l’une de ces dernières clefs (20) ;

l’écu est d’azur aux trois rocs d’or posés deux en chef et un en pointe ; il se détache au milieu d’une couronne de feuilles de chêne. Comme dans l’exemple précédent, deux têtes remplissent les deux angles les plus ouverts entre les arcs ogives. Rarement, au XIVe siècle, des personnages figurent sous les plateaux des clefs.

Nous ne devons pas omettre de dire ici que, presque toujours, les clefs des voûtes en arcs d’ogives sont peintes, même dans des monuments d’ailleurs totalement dépourvus de ce genre de décoration. La peinture appliquée sur les clefs s’étendit sur les arêtiers jusqu’à une certaine distance du centre (voy. Peinture )[1].

  1. Jusqu’au XVIe siècle, l’usage s’est perpétué de peindre les clefs de voûtes et de les peindre aux armes des souverains, évêques, abbés, seigneurs, villes, etc. Dans