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balustrades, parut trop simple, lorsque tous les membres de l’architecture se subdivisèrent à l’infini ; on le doubla par un temps d’arrêt, et les balustrades eurent deux plans de moulures ; l’un donnait la forme générale, le thème, le second était destiné à former les redents, la broderie. Un exemple est nécessaire pour faire comprendre l’emploi de ce nouveau mode.

Voici (20) la balustrade qui couronne la corniche du chœur de l’église que nous venons de citer, la cathédrale de Carcassonne[1]. La forme génératrice de cette balustrade, le thème, pour nous servir d’un mot qui rend parfaitement notre pensée, est une suite de triangles équilatéraux curvilignes.

Si nous examinons la coupe sur A B de cette balustrade, nous voyons que le bizeau C est divisé par un arrêt résultant d’une petite coupe à angle droit D. Cette coupe produit un listel, parallèle à la face de la balustrade. C’est ce listel qui dessine les redents E, et le second membre du bizeau qui leur donne leur modelé. Mais les parties pleines de l’architecture, les points d’appui, se perdaient de plus en plus sous les subdivisions des moulures, des colonnettes ; les meneaux des fenêtres s’amaigrissaient chaque jour sous la main de constructeurs ; les balustrades chargées de ce double bizeau taillé suivant un angle de 45 degrés, et de ce listel du second plan, recevaient trop de lumière ; elles paraissaient lourdes

  1. Toutes les fois que nous aurons à parler des édifices du XIVe siècle, on ne s’étonnera pas si nous mettons en première ligne la cathédrale de Carcassonne, qui est un chef-d’œuvre de cette époque, et qui comme style appartient à l’architecture du Nord.