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couronnement continu, d’une sorte de frise à jour, laissant aux lignes horizontales leur simplicité calme ; nécessaire dans des monuments de cette étendue pour reposer les yeux, que les divisions régulières verticales, trop répétées, fatiguent bientôt.

Les architectes étaient conduits à sacrifier l’art au raisonnement ; ils perdaient cette liberté qui avait permis à leurs prédécesseurs de mêler les inspirations du goût aux nécessités de la construction ou de l’appareil. L’exercice de la liberté dans les arts n’appartient qu’au génie, et le génie avait fait place au calcul, aux méthodes, dès le commencement du XIVe siècle, dans tout ce qui tenait à l’architecture.

Nous donnons ici (19) un exemple d’une balustrade exécutée en panneaux de pierre, tiré du bras de croix méridional de l’ancienne cathédrale de la cité de Carcassonne. La construction de cette balustrade remonte à 1325 environ. Il faut dire cependant que les formes des balustrades adoptées par les architectes du XIIIe siècle furent longtemps employées ; on les amaigrissait, ainsi que nous l’avons vu dans l’exemple présenté dans la fig. 18, on les surchargeait de moulures et de redents évidés ; mais le principe était souvent conservé ; toutefois, on préférait les formes anguleuses aux formes engendrées par des combinaisons de demi-cercles ; les courbes brisées étaient en honneur ; et des voûtes, des fenêtres, elles pénétraient jusque dans les plus menus détails de l’architecture. Le simple bizeau qui, au XIIIe siècle, était seul destiné à produire des jeux d’ombre et de lumière dans les