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Longtemps les balustrades furent évidemment l’un des détails de l’architecture ogivale sur lesquels on apporta une attention particulière ; mais il faut convenir qu’à la fin du XIIIe siècle déjà, si elles présentent des combinaisons ingénieuses, belles souvent, on ne les trouve plus liées aussi intimement à l’architecture ;

elles sont parfois comme une œuvre à part ne participant plus à l’effet de l’ensemble, et le choix de leurs dessins, de leurs compartiments ne paraît pas toujours avoir été fait pour la place qu’elles occupent. La balustrade supérieure du chœur de la cathédrale de Beauvais en est un exemple (14) ; l’alternance des quatre-feuilles posés en carré et en diagonale est heureuse ; mais cette balustrade est beaucoup trop maigre pour sa place, les ajours en sont trop grands, et, de loin, elle ne prête pas assez de fermeté au couronnement. Sous cette balustrade, la corniche, bien que délicate, paraît lourde et pauvre en même temps. Nous retrouvons cette combinaison de balustrades, amaigrie encore, au-dessus des chapelles de l’église de Saint-Ouen de Rouen (15). Les défauts sont encore plus choquants ici, malgré que cette balustrade, en elle-même, et comme taille de pierre, soit un chef-d’œuvre de perfection ; mais, étant placée sur des côtés de polygones peu étendus, elle ne donne que quatre ou cinq compartiments ; leur dessin ne se comprend pas du premier coup, parce que l’œil ne peut saisir cette combinaison alternée, qui serait heureuse si elle se développait sur une grande longueur. L’excessive maigreur de cette balustrade lui donne l’apparence d’une claire-voie de métal, non