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tombe du vrai dans l’absurde, par l’excès même de la vérité ; car la vérité (dans les arts du moins) a ses excès.

On est fondé à soutenir que l’art ogival, à son déclin, aboutit à des recherches ridicules ; quand on le considère isolément, de 1400 à 1500, il est impossible, en effet, de deviner son origine et de prédire jusqu’à quelles extravagances il pourra s’abaisser ; mais si l’on suit pas à pas les transformations par lesquelles il passe, de sa naissance à sa décrépitude, on est forcé de reconnaître que l’excès n’est, chez lui, que l’exagération d’un principe juste basé dans l’origine sur l’application du vrai absolu, trop absolu puisqu’il a conduit par une pente rapide à de tels résultats. Le goût peut seul, dans les arts, comme en toute chose, opposer une barrière à l’exagération, même dans l’application du vrai ; mais le goût ne peut exister dans une société qui, ayant rompu avec les traditions, se trouve à l’état d’enfantement perpétuel ; le goût n’est alors qu’un sens individuel propre à chaque artiste, il n’existe pas à l’état de doctrine. L’architecture de la fin du XIIe siècle prend sa source dans la raison des artistes ; ceux-ci