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cannelures ciselées en éventail pour simuler les nerfs et découpures de la feuille romaine.


Ces artistes primitifs tentaient cependant de se soustraire parfois à la tradition antique, et taillaient déjà, dès le Xe siècle, des figures sur les corbeilles de leurs chapiteaux, ou des formes dont il serait difficile de découvrir l’origine, des traits, des zigzags, de grossiers linéaments ; souvent aussi ils se contentaient de les épanneler. Mais nous ne voulons pas fatiguer nos lecteurs par des reproductions de ces premiers et informes essais, qui n’ont qu’un attrait de curiosité ; nous arriverons au XIe siècle, époque pendant laquelle la forme des chapiteaux, leur fonction et leur sculpture peuvent être parfaitement définies.

Il nous faut d’abord distinguer les chapiteaux, à partir de cette époque, en chapiteaux de colonnes isolées, monocylindriques, et en chapiteaux de colonnes engagées.

Dans les églises, les colonnes monocylindriques sont ordinairement réservées pour le tour des sanctuaires ; partout ailleurs la colonne est presque toujours engagée au moins d’un tiers dans une pile, un pilastre ou un mur. La fonction de la colonne engagée étant, dans l’intérieur des monuments, de supporter un archivolte, et son diamètre ne