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les couvertures des chapelles étaient en dalles ; mais il ne faut pas oublier que, dans ce dernier monument, il y a un double triforium ; et que l’architecte avait voulu laisser à cette belle disposition toute son importance à l’extérieur, et ne point la masquer par des combles.

À Clermont en Auvergne, à Limoges et à Narbonne, et plus tard à Évreux, les chapelles absidales furent protégées par un dallage formant une seule et même pente, très-faible, avec celui établi sur le bas-côté ; mais nous ne pouvons considérer ce mode de couverture comme définitif ; il nous sera facile de le démontrer. À Clermont, à Limoges et à Narbonne, ces dallages sans ressauts, mais presque planes, sont couverts d’épures tracées sur la pierre comme sur une aire. Ces épures sont celles, naturellement, de constructions postérieures à l’érection des chapelles ; ce sont les tracés des arcs-boutants, des portails des transsepts, des fenêtres hautes. Dans les villes du moyen âge, l’espace manquait pour établir des chantiers avec tous leurs accessoires. Sitôt les chapelles et bas-côtés du chevet achevés, on les recouvrait d’une aire dallée, et cette surface servait de chantier aux appareilleurs pour tracer leurs épures ; ce qu’ils faisaient avec le plus grand soin, puisque, encore aujourd’hui, nous pouvons les relever exactement et tailler dessus des panneaux. Or, à Clermont, quoiqu’il y ait un dallage, on voit tout autour des souches des arcs-boutants qui percent l’aire, des chéneaux disposés pour recevoir des combles ; bien mieux, le mur du triforium porte un filet de comble et des corbeaux destinés à soutenir les faîtages de l’appentis en charpente que l’on projetait sur le bas-côté. À Limoges, des restaurations récentes ont fait disparaître des traces analogues dont probablement on n’a pas compris l’importance au point de vue archéologique. Ces dispositions indiquent évidemment qu’au XIIIe siècle on ne songeait pas à élever des chapelles absidales polygonales sans combles pyramidaux, et que ces dallages n’étaient que des couvertures provisoires destinées à fournir un emplacement aux traceurs d’épures pendant la construction des parties supérieures, et en même temps à protéger les voûtes jusqu’au moment où on aurait pu, l’œuvre achevée, établir des combles définitifs. La forme polygonale des chapelles de chevet adoptée depuis le XIIIe siècle jusqu’au XVIe demande une couverture pyramidale, et les architectes de ces temps avaient un sentiment trop juste de l’effet des masses architectoniques pour ne pas être choqués par l’absence de ce couronnement indispensable ; car c’est un principe général, l’architecture ogivale, que toute partie d’un monument doit porter sa couverture propre, lorsqu’elle se détache tant soit peu de la masse. Nous voulons bien admettre qu’à la cathédrale de Narbonne on n’a jamais songé à couvrir autrement les chapelles absidales que par une plate-forme dallée, mais ces chapelles étaient couronnées par un crénelage au lieu d’une balustrade. La cathédrale de Narbonne était presque une forteresse en même temps qu’une église, et dans ce cas les plates-formes étaient justifiées ; c’est là une exception. Quant aux chapelles absidales de la cathédrale de Limoges, l’absence de combles pyramidaux jure avec leur composition, qui appartient