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voyons aujourd’hui, en style ogival pur français. Cependant, soit qu’on ait voulu se tenir sur les fondations anciennes du chevet et des transsepts romans, soit qu’on ait voulu conserver une disposition traditionnelle et que nous ne voyons guère adoptée, en dehors de Carcassonne, que dans l’église d’Obazine, on donna à la nouvelle construction un plan qui ne trouve d’analogue nulle part dans le Nord ; mieux encore : dans la nef romane, il existe des piles alternativement carrées, cantonnées de demi-colonnes, et cylindriques.


Cette forme de pilier, qui n’est pas ordinaire dans les constructions d’églises du XIIIe et du XIVe siècle, fut adoptée pour les six piliers formant têtes des chapelles et du sanctuaire, c’est-à-dire que les deux piles de la croisée, à l’entrée de l’abside, rebâties en face des deux piliers romans laissés en place, prirent la section horizontale en plan de ces derniers, et que les quatre autres piles séparant les chapelles des transsepts prirent la forme cylindrique, comme pour se relier avec la vieille église ; partout ailleurs les sections des piliers du XIVe siècle adoptent les formes usitées à cette époque. L’évêque Pierre de Roquefort, en faisant rebâtir la partie orientale de sa cathédrale, avait donc l’intention de borner là son entreprise et de respecter la nef romane, puisqu’il cherchait à conserver, entre les deux constructions, une certaine harmonie, malgré la différence de style. Ce n’était plus cette confiance des évêques du Nord, qui, au XIIIe siècle, lorsqu’ils laissaient subsister, pour le service du culte, une portion d’église antérieure, ne le faisaient qu’à titre provisoire, et ne songeaient guère à raccorder leurs nouveaux projets avec ces débris romans destinés à être jetés bas aussitôt que l’avancement de l’œuvre nouvelle l’aurait permis. On voit, d’ailleurs, combien les constructions dernières de la cathédrale de Carcassonne sont exiguës ; on rebâtissait l’église pour se