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de fond les archivoltes qui devaient, comme à Canterbury, porter sur des culs-de-lampe saillants entre les deux chapiteaux (voy. Pile).

À la fin de ce siècle, on pratiqua des chapelles entre les contreforts de la nef ; cette malheureuse opération, que subirent toutes nos cathédrales françaises, sauf celles de Reims et de Chartres, eut pour résultat d’affaiblir les points d’appui extérieurs et de rendre l’écoulement des eaux difficile. Vers 1260, la tour sud de la façade s’écroula sur la belle salle synodale bâtie vers 1240, en C ; cette tour fut remontée à la fin du XIIIe siècle et achevée seulement au XVIe siècle. La tour du nord, élevée vers la fin du XIIe siècle, n’était terminée que par un beffroi de bois, recouvert de plomb, monté vers le commencement du XIVe siècle[1]. Au commencement du XVIe siècle, le pignon du transsept sud, qui datait du XIIIe siècle, fut repris dans toute sa partie supérieure ; celui du nord, complétement rebâti ; les fenêtres hautes des croisillons, refaites avec leurs vitraux ; enfin, deux chapelles de forme irrégulière vinrent s’accoter, à la fin du XVIe et au XVIIe siècle, contre les flancs du collatéral de l’abside. Une salle du trésor et des sacristies qui communiquent avec l’archevêché s’élevèrent en B. L’entrée principale du palais archiépiscopal était sous la salle synodale en A.

Dans la cathédrale de Sens, le plein cintre vient se mêler à l’ogive, comme dans le chœur de la cathédrale de Canterbury. C’est encore là une influence de l’école bourguignonne.

Les constructions achevées en 1168 avaient dû s’arrêter à la seconde travée de l’entrée de la nef. Les parties les plus anciennes de la façade ne remontent pas plus loin que les dernières années du XIIe siècle ; il ne reste, de cette époque, que les deux portes centrale et nord et la tour nord tronquée. À l’intérieur et à l’extérieur, sur ce point, c’est un mélange incompréhensible de constructions reprises pendant les XIIIe, XIVe et XVIe siècles.

Ce qui reste des vitraux du commencement du XIIIe siècle et du XVIe, dans la cathédrale de Sens, est fort remarquable (voy. Vitrail).

Saint-Étienne de Sens est une cathédrale à part, comme plan et comme style d’architecture ; contemporaine de la cathédrale de Noyon, elle n’en a pas la finesse et l’élégance. On y trouve, malgré l’adoption du nouveau système d’architecture, l’ampleur des constructions romanes, bourguignonnes et de Langres, comme un dernier reflet de l’antiquité romaine. Ce qui caractérise la cathédrale sénonaise, c’est surtout l’unique chapelle absidale et les deux absidioles des transsepts. Quoique Sens et Langres dépendissent de la Champagne, ces deux églises appartiennent bien moins à cette province qu’à la Bourgogne, comme disposition et style d’architecture.

Nous en trouvons la preuve dans les substructions de la cathédrale d’Auxerre. La cathédrale d’Auxerre, rebâtie après un incendie par l’évêque Hugues, vers 1030, possédait un sanctuaire circulaire avec bas-côtés et

  1. Ce beffroi n’existe plus ; il fut descendu, pour cause de vétusté, il y a une dizaine d’années.