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tante, mais sans couverte. Du moment qu’on possédait des carreaux gravés en creux, il était naturel de chercher à remplir cette gravure par une terre d’une autre couleur, et de recouvrir le tout d’un émail transparent ; c’est ce que l’on fit dès le XIIe siècle et peut-être même antérieurement à cette époque ; cette méthode de fabrication devint générale au XIIIe. Par ce procédé, en supposant l’émail enlevé, la terre incrustée ayant une épaisseur de quelques millimètres, le carreau conservait longtemps son dessin. La gravure du carrelage étant remplie, la poussière n’était plus arrêtée par les intailles, et on pouvait maintenir ces carrelages propres en les lavant et les balayant. Posés dans des chapelles ou dans des salles capitulaires, ou des appartements intérieurs dans lesquels on n’entrait qu’avec des chaussures molles et légères, on ne risquait pas de glisser sur leur surface émaillée.

L’un des plus anciens carrelages incrustés connus est celui de l’église de Saint-Pierre-sur-Dive ; il est reproduit avec une scrupuleuse exactitude dans les Annales archéologiques[1]. Le carrelage de Saint-Pierre-sur-Dive (près

    kilomètres de Sens, ces briques nous paraissent appartenir à ces premières constructions.

  1. Annales archéol., pub. par M. Didron aîné, t. XII, p. 281. M. Alfred Ramé fait paraître en ce moment un ouvrage spécial sur les carrelages émaillés (voy. Étud. sur les carrelages historiés du XIIe au XVIIe siècle). Cet ouvrage, accompagné de nombreuses planches exécutées avec le plus grand soin, ne saurait trop être recommandé. C’est