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« De cele part el chief del pont,
Par où la gent vienent è vont,
Aveit à cel tems un fossé
Haut è parfont è réparé ;
Sor li fossé ont heriçun (chevaux de frise),
Et dedenz close une maison ;
Encore unt bertesches levées,
Bien planchies è kernelées…[1]. »

Les bretèches se démontaient et pouvaient être transportées d’un lieu à un autre, suivant les besoins. Guillaume de Normandie, après s’être emparé de Domfront, veut fortifier Ambrières sur la Mayenne.

« E li Dus fist sun gonfanon
Lever è porter el dangon (donjon) :
El chastel a altres miz
Od ki il out Danfront assiz.
Li bertesches en fist porter,
Por li Conte Giffrei grever,
A Anbrieres les fist lever :
Un chastel fist iloec fermer…[2] »

Le duc prétend défendre un château, ou plutôt un poste, au moyen de bretèches qu’il fait charrier de Domfront à Ambrières. Beaucoup plus tard, « le roy d’Angleterre, qui ne pouvoit conquester la ville de Calais fors par famine, fit charpenter un chastel grand et haut de longs mesrins, tant fort et si bien bretesché, qu’on ne l’eust pu grever[3]. »

Quand on voulait défendre une brèche faite par l’assiégeant, on établissait, le plus promptement possible, en dedans de la ville, un pâlis en arrière de cette brèche, et on renforçait ce pâlis d’une ou plusieurs bretèches (voy. Architecture Militaire, fig. 10). Ces ouvrages s’établissaient aussi pour protéger un passage, une tête de pont.

« Et par devant le pont dont je vous ai parlé
Furent faites défences, brestèques ou terré,
A la fin qu’il ne soient souspris ne engingnié.
...............
Quant Englois ont véu jus chéoir une tour,
A l’autre tour s’en sont fui pour le secour ;
Barrières y ont fait à force et à vigour,
S’ont sur arbalestrier et maint bon arc à tour.
La tour fu bretechée noblement tout entour…[4] »

On breteschait des défenses fixes en maçonnerie, soit par des charpentes

  1. Le Rom. de Rou, IIe part., vers 9444 et suiv.
  2. Le Rom. de Rou, IIe part., vers 9625 et suiv.
  3. Froissart, chap. CXLIV.
  4. Chron. de B. Duguesclin, vers 19525 et suiv.