Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[bou]
— 226 —

que l’autre ; sous les arcs qui portent le chemin de ronde et les hourds de bois, encore en place aujourd’hui, sont percées des embrasures qui battent les rampes du coteau, du côté où l’ennemi devait se présenter, l’autre côté étant protégé par la muraille du faubourg de Schaffhausen. Pour bien faire comprendre l’ensemble de cette belle forteresse, nous en donnons une vue (7), prise en dedans du triangle formé par les deux courtines descendant au fleuve. On voit que la courtine N en amont est flanquée par une haute tour carrée. Nous avons rétabli la tour qui se trouvait à la tête du pont, et qui est aujourd’hui détruite. Il ne reste plus que quelques traces des ouvrages qui environnaient cette tour. L’ancien pont a été remplacé par un pont moderne. Quant au corps principal de la forteresse, aux courtines, fossés, etc., rien n’y a été retranché ni ajouté depuis le XVIe siècle. La maçonnerie est grossière, mais excellente, et n’a subi aucune altération. Les voûtes de la grande salle sont épaisses, bien faites, et paraissent être en état de résister aux bombes.

Cette défense de Schaffhausen a un grand air de puissance, et nous n’avons rien conservé de cette époque, en France, qui soit aussi complet et aussi habilement combiné. Pour le temps, les flanquements sont très-bons, et le plan du rez-de-chaussée au niveau du fond du fossé est réellement tracé d’une manière remarquable. Si l’on trouve encore ici un reste des traditions de la fortification antérieure aux bouches à feu, il faut dire cependant que les efforts faits pour s’en affranchir sont très-sensibles, et la forteresse de Schaffhausen nous paraît supérieure aux ouvrages analogues exécutés à la même époque en Italie.