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Ses assises règnent avec les assises du pilier ; ce n’est pas un accessoire rapporté après coup : il est prévu en bâtissant. La cuve polygonale est surmontée d’un dais finement taillé. Cet édicule, comme la construction à laquelle il tient, date de la première moitié du XIIIe siècle[1].

Plus tard, pendant les XIVe et XVe siècles, les bénitiers reprennent leur apparence de meubles, et se composent presque toujours d’une cuve polygonale ou circulaire portée sur une colonne ; ils ne font plus partie de l’édifice. Quelquefois les sculpteurs se sont plu à figurer, au fond des cuves des bénitiers, des serpents, des grenouilles, des poissons, puérilités d’assez mauvais goût et qui font l’admiration de beaucoup de gens. Si ces fantaisies avaient pour but de rappeler aux fidèles qu’ils doivent prendre de l’eau bénite en entrant dans l’église, il faut avouer que cette singulière façon d’attirer l’attention eut un plein succès. À l’époque où le zèle religieux se refroidissait, les artistes s’ingéniaient souvent à exciter la curiosité, à défaut d’autre sentiment. Nous pensons qu’il faut classer ces sculptures d’animaux au fond des cuves des bénitiers parmi les fantaisies, parfois burlesques, des sculpteurs du XVe siècle, quoiqu’on ait voulu trouver à ces figures un sens symbolique.

Au pied des tombes, dans les cimetières, il était d’usage de placer ou de creuser dans la pierre même recouvrant la sépulture de petits bénitiers ; on en voit encore un grand nombre en Bretagne, dans le Poitou et le Maine, où cet usage s’est conservé jusqu’à nos jours. Ces petits bénitiers étaient quelquefois en métal, en fer ou en bronze, accompagnés d’un goupillon attaché à la cuve avec une chaînette.

Le siècle de la renaissance sculpta des bénitiers en marbre d’une grande richesse, supportés par des figures. Mais malheureusement les guerres religieuses détruisirent en France ces petits monuments. L’Italie et l’Espagne nous en ont conservé un grand nombre d’exemples.

BERCEAU, s. m. (Voy. Architecture, Construction, Voûte).

BESANTS, s. m. Le besant, en termes de blason, est un disque de métal posé sur le champ ou sur les pièces principales de l’écu. On désigne, en architecture, par besants, une série de disques plats sculptés dans une moulure. Cet ornement est fréquent dans les édifices du XIIe siècle ; il est toujours d’une petite dimension, plus gros que la perle, plus petit que le bouton ; il décore les bandeaux, les archivoltes, les canelures des pilastres ; c’est dans le Poitou, la Saintonge et sur les bords de la Loire qu’on le rencontre de préférence.

On verra ci-contre (1) un fragment d’une des arcatures du clocher de l’église de la Charité-sur-Loire, dont l’archivolte et les pilastres sont ornés de besants délicatement sculptés. Le besant diffère surtout de la perle et du bouton en

  1. Le dessin de ce bénitier nous a été communiqué par M. Millet, architecte, à qui nous devons déjà de précieux renseignements.