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forme en plan d’un parallélogramme dont le grand côté faisait face à l’extérieur. Les portes principales de Paris sont aussi désignées quelquefois par le mot bastide, la bastide Saint-Denis[1], la bastide Saint-Antoine. Nous nous occuperons plus particulièrement de cette dernière, qui conserva le nom de bastide ou bastille par excellence.

Dès le temps du roi Jean, ou même avant cette époque, il existait à l’entrée de la rue Saint-Antoine une porte flanquée de deux hautes tours ; Charles V résolut de faire de cette porte une forte bastide. Vers 1369, ce prince donna ordre à Hugues Aubriot, prévôt de Paris, d’ajouter à ces deux tours un ouvrage considérable, composé de six autres tours reliées entre elles par d’épaisses courtines. Dès lors il paraîtrait que la Bastille ne fut plus une porte mais un fort protégeant la porte Saint-Antoine construite vers le faubourg au nord. La bastille Saint-Antoine conserva toutefois son ancienne entrée ; dans la partie neuve, trois autres portes furent percées dans les deux axes, afin de pouvoir entrer dans le fort ou en sortir par quatre ponts jetés sur les fossés. C’était là un véritable fort isolé, fermé à la gorge, commandant la campagne et la ville au loin, indépendant de l’enceinte mais l’appuyant. Le nom de bastille par excellence donné à ce poste indique clairement ce que l’on entendait par bastide au moyen âge. Nous donnons (3) le plan de la bastille Saint-Antoine.

Les deux tours H I dépendaient de la porte primitive A. En B s’ouvrait la porte du côté de l’Arsenal, au sud ; en F la porte en face la rue Saint-Antoine, et en C la porte du côté du nord se reliant à l’enceinte de Paris (les boulevards

    question des « Eschiffles et des Bastides étant sur les murs de Paris, sur les fossés pleins d’eau, par devers la porte Saint-Denys en France (p. 176.) » Voy. les Dissert. archéol. sur les anciennes enceintes de Paris, par Bonnardot, 1852.

  1. Mémoire de Bouquet, et Journ. de Paris sous Charles VI, 1429.