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soldats. Une des représentations les plus claires de bastides provisoires élevées en dehors des murailles d’une place forte, se trouve sculptée sur le cintre de la porte nord de la cathédrale de Modène. C’est un bas-relief du XIe siècle retraçant l’histoire d’Artus de Bretagne (2)[1].

Les deux bastides figurées dans ce bas-relief sont évidemment en bois et à plusieurs étages. Nous ne saurions dire si elles appartiennent à la ville, ou si elles dépendent d’une ligne de contrevallation ; mais ce point est de médiocre importance ; elles servent de refuge à des soldats soit pour défendre, soit pour attaquer la ville. Car si les assiégeants élevaient des bastides sur la circonférence de leurs lignes, souvent aussi les assiégés, lorsque les murailles ne présentaient pas une défense très-forte, en construisaient en dehors des murs, de distance en distance, pour protéger ces murs, éloigner les assaillants ou les prendre en flanc et en revers, s’ils se présentaient pour livrer l’assaut. Dans ce cas, ces bastides étaient entourées de palissades et de fossés ; elles se reliaient aux barbacanes des portes, ou les surmontaient. Quelquefois même les portes et les bastides ne faisaient qu’un seul corps d’ouvrages derrière une barbacane ; on en élevait aussi pour commander une tête de pont, un défilé, un passage, comme le fit Charles le Chauve au IXe siècle. L’enceinte de Paris, commencée sous le roi Jean et achevée sous Charles V, était défendue par des bastides reliées entre elles par une courtine et de doubles fossés avec une braie entre eux deux[2]. Ces bastides avaient la

  1. Ce curieux bas-relief nous a été signalé par M. Didron, qui l’a fait dessiner pendant son séjour à Modène ; nous le croyons inédit ; la communication obligeante de M. Didron est donc d’un grand intérêt.
  2. Dans les extraits des comptes imprimés à la suite du Mémoire de Bouquet, il est