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constructions pendant le XIIe siècle) posent sur des profils de bases semblable à ceux des colonnes.

La véritable architecture française, naissante alors, n’admettait pas qu’un même profil de base pût convenir à un pilastre carré et à un cylindre. Et en cela, comme en beaucoup d’autres choses, la nouvelle école avait raison. Les tores et filets des bases, fins, détachés, présentent dans les retours d’équerre des aiguités désagréables à la vue, et surtout fort gênants à la hauteur où ils se trouvent placés ; car il est rare que le niveau supérieur des bases, à dater du XIIe siècle, excède 1m, 20 au-dessus du pavé. Les arêtes saillantes des bases de pilastres se fussent donc trouvées à la hauteur des hanches ou du coude d’un homme ; et si les architectes du moyen âge avaient toujours en vue l’échelle humaine dans leurs compositions (voy. Architecture), s’ils tenaient à ce qu’une base fût plutôt proportionnée à la dimension humaine qu’à celle de l’édifice, on ne doit pas être surpris qu’ils évitassent avec soin ces angles dont les vives arêtes menacent le passant. Tenant compte de la dimension humaine, ils devaient naturellement penser à ne pas gêner ou blesser l’homme, pour lequel leurs