Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, tome 2.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[bas]
— 138 —

éviter cet inconvénient, les constructeurs du chœur de la cathédrale de Langres ont eu l’idée de réserver entre les deux colonnettes jumelles, sur la plinthe, un renfort pris dans la hauteur d’assise de la base (19).

Cela est fort ingénieux, et ce principe est également appliqué aux chapiteaux de ce triforium (voy. Chapiteau).

Il ressort déjà de ces quelques exemples que nous venons de donner un fait remarquable : c’est la propension croissante des architectes du XIIe siècle à établir des transitions entre la ligne verticale et la ligne horizontale, à ne jamais laisser porter brusquement la première sur la seconde sans un intermédiaire. Et pour nous faire comprendre par une figure (20) : soient A A deux assises horizontales d’une construction et B un point d’appui vertical ; les constructeurs ne laisseront jamais les angles C C vides, mais ils les rempliront par des renforts inclinés D D, des transitions qui sont des épaulements, contreforts, glacis, quand on part de la ligne horizontale pour arriver à la ligne verticale ; des encorbellements, quand on part de la ligne verticale pour arriver à l’horizontale. Tout est logique dans l’architecture du moyen âge, à dater de la grande école du XIIe siècle, dans les ensembles comme dans les moindres détails ; le principe qui conduisait les architectes à élever sur la colonne cylindrique un chapiteau évasé pour porter