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veau membre, la griffe, et les architectes paraissent livrés aux fantaisies les plus étranges. C’est ainsi que nous voyons au clocher d’Ébreuil (Allier) des colonnes dont les chapiteaux et les bases sont identiques de forme (16). Même chose à la porte de l’église de Neuvy-Saint-Sépulcre (Indre), à l’église de Cusset, qui nous laisse voir encore une base dont la forme et la sculpture appartiennent à un chapiteau (17)[1].

Là même où les traditions romaines avaient conservé le plus d’empire, à Langres, par exemple, mais où l’influence des écoles d’art de la France pénétrait, nous voyons, au XIIe siècle, la base antique adopter la griffe. Les bases des colonnes du tour du chœur de la cathédrale de Langres sont pourvues de griffes finement sculptées (18). Le profil A de ces bases est presque romain, sauf la scotie, qui semble seulement épannelée ; la plinthe (voir le plan B), au lieu d’être tracée sur un plan carré, est brisée suivant l’angle du polygone sur lequel les colonnes du chœur s’élèvent. Il y a là une recherche qui dénote de la part des constructeurs de cet édifice un soin tout particulier[2]. Cette recherche dans les détails se retrouve poussée fort loin dans les bases des colonnettes du triforium du chœur de la cathédrale de Langres. Les colonnettes jumelles qui reposent

  1. Ces deux derniers exemples appartiennent au XIIe siècle. C’est à M. Millet, architecte, que nous devons les dessins de ces deux bases.
  2. Le chœur de la cathédrale de Langres ouvre un large champ à l’étude de la