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de Beauvais, de la fin du XVe siècle, dont tous les remplissages de face sont garnis de terres cuites émaillées de diverses couleurs.

À partir du XIIe siècle, les applications de pâtes gaufrées se trouvent fréquemment sur les statues et les parties délicates de l’architecture intérieure. Ces applications se composaient d’un enduit de chaux très-mince sur lequel, pendant qu’il était encore mou, on imprimait des ornements déliés et peu saillants, au moyen d’un moule de bois ou de fer. On décorait ainsi les vêtements des statues, les fonds de retables d’autels (voy. Retable), les membres de l’architecture des jubés, des clôtures ; quelquefois aussi la menuiserie destinée à être peinte et dorée ; car il va sans dire que les gaufrures que l’on obtenait par ce procédé si simple, recevaient toujours de la dorure et de la peinture qui leur donnaient de la consistance et assuraient leur durée.

Nous présentons ici (1) un exemple tiré des applications de pâtes dorées qui couvrent les arcatures du sacraire de la Sainte-Chapelle ; cette gravure est moitié de l’exécution, et peut faire voir combien ces gaufrures sont délicates. Ce n’était pas seulement dans les intérieurs que l’on appliquait ces pâtes ; on retrouve encore dans les portails des églises des XIIe et XIIIe siècles des traces de ces gaufrures sur les vêtements des statues. À la cathédrale d’Angers, sur la robe de la Vierge du portail nord de la cathédrale de Paris, des bordures de draperies sont ornées de pâtes. Au XVe siècle l’enduit de chaux est remplacé par une résine, qui s’est écaillée et disparaît plus promptement que la chaux. Des restaurations faites à cette époque, dans la Sainte-Chapelle du Palais, présentaient quelques traces visibles de gaufrures non-seulement sur les vêtements des statues, mais même sur les colonnes, sur les nus des murs ; c’étaient de grandes fleurs de lis, des monogrammes du Christ, des étoiles à branches ondées, etc.

Pendant les XIIe, XIIIe et XIVe siècles, on appliquait aussi, sur le bois, du vélin rendu flexible par un séjour dans l’eau, au moyen d’une couche de colle de peau ou de fromage ; sur cette enveloppe, qui prenait toutes les formes des moulures, on étendait encore un encollage gaufré par les procédés indiqués ci-dessus ; puis on dorait, on peignait, on posait des verres peints par-dessous, véritables fixés que l’on sertissait de pâtes ornées (voy. Fixé). Il existe encore dans le bas côté sud du chœur de l’église de Westminster à Londres, un grand retable du XIIIe siècle exécuté par ces procédés ; nous le citons ici parce qu’il appartient à l’école française de cette époque, et qu’il a dû être fabriqué dans l’Île-de-France (voy. Retable). Le moine Théophile, dans son Essai sur divers arts, chap. XVII, XVIII et XIX, décrit les procédés employés au XIIe siècle pour appliquer les peaux de vélin et les enduits sur les bois destinés à orner les retables, les autels,