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les premiers éléments, nous avons vu de notre temps commettre des bévues dont le moindre inconvénient est de prêter au ridicule. C’est une langue qu’il faut s’abstenir de parler si on ne la connaît bien. Louvan Geliot ; dans son Indice armorial (1635), dit avec raison : « que la cognoissance des diverses espèces d’armoiries, et des parties dont elles sont composées, est tellement abstruse, et les termes si peu usitez dans les autres sujets d’escrire, ou de parler, qu’il faut plusieurs années pour sonder le fond de cet abyme, et une longue expérience pour pénétrer jusques au cœur et dans le centre de ce chaos. » Depuis cet auteur, le P. Menestrier particulièrement a rendu l’étude de cette science plus facile ; c’est surtout à lui que nous empruntons le résumé que nous donnons ici.

Trois choses doivent entrer dans la composition des armoiries : les émaux, l’écu ou champ, et les figures. Les émaux comprennent : 1o les métaux qui sont : or, ou jaune ; argent, ou blanc ; 2o les couleurs qui sont : gueules, qui est rouge, azur, qui est bleu, sinople, qui est vert, pourpre, qui est violet tirant sur le rouge, sable, qui est noir ; 3o les pannes ou fourrures, qui sont : hermine et vair, auxquelles on peut ajouter la contre-hermine et le contre-vair. Les émaux propres à l’hermine sont argent ou blanc pour le champ, et sable pour les mouchetures (1) ; le contraire pour la contre-hermine, c’est-à-dire, sable pour le fond, et argent ou blanc pour les mouchetures[1]. Le vair est toujours d’argent et d’azur, et se représente par les traits indiqués ici (2). Le contre-vair est aussi d’argent et d’azur ; il diffère du vair en ce que, dans ce dernier, le métal est opposé à la couleur, tandis que dans le contre-vair le métal est opposé au métal, et la couleur à la couleur (3). Le vair en pal ou appointé se fait en opposant la pointe d’un vair à la base de l’autre (4).

Quelquefois l’hermine et le vair adoptent d’autres couleurs que celles qui leur sont propres ; on dit alors herminé ou vairé de tel ou tel émail, par exemple : Beaufremont porte vairé d’or et de gueules (5). Une règle générale du blason est de ne mettre point couleur sur couleur à la réserve du pourpre, ni métal sur métal ; autrement les armoiries seraient fausses, ou du moins à enquérir. On désigne par armes à enquérir celles qui sortent de la règle commune, qui sont données pour quelque acte remarquable ; dans ce cas on peut mettre couleur sur couleur, métal sur métal. L’intention de celui qui prend de pareilles armes est de s’obliger à rendre compte du motif qui les lui a fait adopter.

L’écu ou champ est simple ou composé ; dans le premier cas il n’a qu’un

  1. Il est entendu que, conformément à la méthode employée depuis le XVIIe siècle pour faire reconnaître par la gravure les émaux des armoiries, nous exprimons l’argent par l’absence de toute hachure, l’or par un pointillé, l’azur par des hachures horizontales, gueules par des hachures verticales, le sinople par des hachures diagonales de droite à gauche (de l’écu), le pourpre par des lignes diagonales de gauche à droite, le sable par du noir sans travail, bien que dans la gravure en taille-douce ou l’intaille, on l’indique par des hachures horizontales et verticales croisées.