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charpentes anciennes, y compris celles des flèches, sont construites sans un seul morceau de fer ; les tirants, les enrayures, les clefs pendantes, les armatures, sont uniquement en bois, sans un boulon, sans une plate-bande. Si l’art de la serrurerie était appelé à prêter son concours à la maçonnerie, il était absolument exclu de la charpente, et n’apparaissait seulement que pour s’associer à la plomberie décorative (voy. Plomberie). Il est certain que les nombreux sinistres qui avaient suivi immédiatement la construction des grands monuments voûtés dans le nord (voy. Architecture Religieuse) avaient inspiré aux architectes des XIIe et XIIIe siècles une telle défiance, qu’ils ne croyaient pas pouvoir se passer du fer dans la combinaison des maçonneries destinées à résister à la poussée des voûtes élevées ; c’est ainsi que l’on peut expliquer la prodigieuse quantité de chaînes et crampons en fer que l’on retrouve dans les maçonneries de ces époques. Ce n’est que le manque de ressources suffisantes qui forçait les architectes de ne pas prodiguer le fer dans leurs constructions ; mais lorsque des raisons d’économie ne les retenaient, ils ne l’épargnaient pas. Ainsi on a lieu d’être surpris en voyant que les arêtes de la voûte absidale de la Sainte-Chapelle de Paris sont éclissées chacune par deux courbes de fer plat posées de champs le long de leur paroi (1).

Ces bandes de fer, qui ont environ 0,05c de plat sur 0,015m d’épaisseur, sont reliées entre elles par des gros rivets ou boulons, qui passent à travers la tête des claveaux. Elles datent évidemment de l’époque de la construction, car elles n’auraient pu être posées après coup ; elles s’assemblent à la clef au moyen de V également en fer rivés avec elles, et les rendant ainsi toutes solidaires au sommet de la voûte. Ce surcroît de résistance était superflu, et ces arêtes n’avaient pas besoin de ce secours ; c’est le seul exemple que nous