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de barrières qui roulaient sur des axes horizontaux posés vers la moitié de leur hauteur (30), l’une des deux moitiés servant de contre-poids à l’autre.


Dans le beau manuscrit des Chroniques de Froissart de la bibliothèque Impériale[1], on trouve une vignette qui représente l’attaque des barrières de la ville d’Aubenton par le comte de Hainaut, la porte de la barrière est disposée de cette manière (31) ; elle est munie et défendue par deux tours de bois. En arrière on voit la porte de la ville qui est une construction de pierre, bien que le texte dise que la ville d’Aubenton « n’étoit fermée que de palis. » Des soldats jettent par-dessus les créneaux un banc, des meubles, des pots.

Nous avons vu comment pendant les XIIe et XIIIe siècles il était d’usage de garnir les sommets des tours et courtines de hourds en bois. Il n’est pas

  1. Manusc. 8320, t. I, in-fol., commencement du XVe siècle. Cette vignette, dont nous donnons ici une partie, accompagne le chap. XLVI de ce manuscrit intitulé : Comment le conte de Haynault print et detruit Aubenton en terasse. C’est le chap. CII de l’édit. des Chroniques de Froissart du Panthéon littéraire. «…Si commença l’assaut grand et fort durement, et s’employèrent arbalétriers de dedans et dehors à traire moult vigoureusement ; par lequel trait il y en eut moult de blessés des assaillans et des défendans. Le comte de Haynault et sa route, où moult avoit d’apperts chevaliers et écuyers, vinrent jusques aux barrières de l’une des portes… Là eut un moult grand et dur assaut. Sur le pont mêmement, à la porte vers Chimay, étoient messire Jean de Beaumont et messire Jean de la Bove. Là eut très grand assaut et forte escarmouche, et convint les François retraire dedans la porte ; car ils perdirent leurs barrières, et les conquirent les Hainuyers et le pont aussi. Là eut dure escarmouche forte, et grand assaut et félonneux, car ceux qui étoient montés sur la porte jetoient bois et mairein contre val, et pots pleins de chaux, et grand foison de pierres et de cailloux, dont ils navroient et mes-haignoient gens, s’ils n’étoient fort armés… »