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remplissaient parfaitement cet objet, mais ils laissaient les défenseurs libres dans leurs mouvements, l’approvisionnement des projectiles et la circulation se faisant en dedans du parapet en E. D’ailleurs si ces hourds étaient garnis, outre le mâchicoulis continu, de meurtrières, les archères pratiquées dans la construction de pierre, restaient démasquées dans leur partie inférieure et permettaient aux archers ou arbalétriers postés en dedans du parapet de lancer des traits sur les assaillants. Avec ce système, la défense était aussi active que possible, et le manque de projectiles devait seul laisser quelque répit aux assiégeants. On ne doit donc pas s’étonner si dans quelques siéges mémorables, après une défense prolongée, les assiégés en étaient réduits à découvrir leurs maisons, à démolir les murs de jardins, enlever les cailloux des rues, pour garnir les hourds de projectiles et forcer les assaillants à s’éloigner du pied des fortifications. Ces hourds se posaient promptement et facilement (voy. Hourd) ; on les retirait en temps de paix. Nous donnons ici (15) le figuré des travaux d’approche d’une courtine flanquée de tours avec fossé plein d’eau, afin de rendre intelligibles les divers moyens de défense et d’attaque dont nous avons parlé ci-dessus. Sur le premier plan est un chat A ; il sert à combler le fossé, et s’avance vers le pied de la muraille sur les amas de fascines et de matériaux de toutes sortes que les assaillants jettent sans cesse par son ouverture antérieure ; un plancher en bois qui s’établit au fur et à mesure que s’avance le chat permet de le faire rouler sans craindre de le voir s’embourber. Cet engin est mû soit par les rouleaux à l’intérieur au moyen de leviers, soit par des cordes et des poulies de renvoi B. Outre l’auvent qui est placé à la tête du chat, des palissades et des mantelets mobiles protègent les travailleurs. Le chat est garni de peaux fraîches pour le préserver des matières inflammables qui peuvent être lancées par les assiégés. Les assaillants, avant de faire avancer le chat contre la courtine pour pouvoir saper sa base, ont détruit les hourds de cette courtine au moyen de projectiles lancés par des machines de jet. Plus loin, en C est un grand trébuchet ; il bat les hourds de la seconde courtine. Ce trébuchet est bandé, un homme met la fronde avec sa pierre en place. Une palissade haute protège l’engin. À côté, des arbalétriers postés derrière des mantelets roulants visent les assiégés qui se démasquent. Au delà, en E, est un beffroi muni de son pont mobile, garni de peaux fraîches ; il s’avance sur un plancher de madriers au fur et à mesure que les assaillants, protégés par des palissades, comblent le fossé ; il est mû comme le chat par des câbles et des poulies de renvoi. Au delà encore est une batterie de deux trébuchets qui lancent des barils pleins de matières incendiaires contre les hourds des courtines. Dans la ville, sur une grosse tour carrée terminée en plate-forme, les assiégés ont monté un trébuchet qui bat le beffroi des assaillants. Derrière les murs un autre trébuchet masqué par les courtines lance des projectiles contre les engins des assaillants. Tant que les machines de l’armée ennemie ne sont pas arrivées au pied des murs, le rôle de l’assiégé est à peu près passif ; il se contente, par les archères de ses hourds, d’envoyer force carreaux et sagettes. S’il est nombreux, hardi, la