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se composaient que d’un fossé peu profond et d’un rang de palissade plantées sur une petite escarpe ; puis les camps d’hiver ou fixes, castra hiberna, castra stativa, qui étaient défendus par un fossé large et profond, par un rempart de terre gazonnée ou de pierre flanqué de tours ; le tout était couronné de parapets crénelés ou de pieux reliés entre eux par des longrines ou des liens d’osier. L’emploi des tours rondes ou carrées dans les enceintes fixes des Romains était général, car, comme le dit Végèce, « les anciens trouvèrent que l’enceinte d’une place ne devait point être sur « une même ligne continue, à cause des béliers qui battraient trop aisément « en brèche ; mais par le moyen des tours placées dans le rempart assez « près les unes des autres, leurs murailles présentaient des parties saillantes « et rentrantes. Si les ennemis veulent appliquer des échelles, ou approcher « des machines contre une muraille de cette construction, on les voit de « front, de revers et presque par derrière ; ils sont comme enfermés au « milieu des batteries de la place qui les foudroient. » Dès la plus haute antiquité, l’utilité des tours avait été reconnue afin de permettre de prendre les assiégeants en flanc lorsqu’ils voulaient battre les courtines.

Les camps fixes des Romains étaient généralement quadrangulaires, avec quatre portes percées dans le milieu de chacune des faces ; la porte principale avait nom prétorienne, parce qu’elle s’ouvrait en face du prætorium, demeure du général en chef ; celle en face s’appelait décumane ;

les deux latérales étaient désignées ainsi : principalis dextra et principalis sinistra. Des ouvrages avancés, appelés antemuralia, procastria, défendaient ces portes[1]. Les officiers et soldats logeaient dans des huttes en terre, en brique ou en bois, recouvertes de chaume ou de tuiles. Les tours étaient munies de machines propres à lancer des traits ou des pierres. La situation des lieux modifiait souvent cette disposition quadrangulaire, car, comme l’observe judicieusement Vitruve à propos des machines de guerre (chap. XXII) : « Pour ce qui est des moyens que les assiégés « peuvent employer pour se défendre, « cela ne se peut pas écrire. »

La station militaire de Famars, en Belgique (Fanum Martis), donnée dans l’Histoire de l’architecture en Belgique, et dont nous reproduisons ici le plan (4), présente une enceinte dont la disposition ne se rapporte pas aux plans ordinaires des camps romains : il est vrai que cette forti-

  1. Godesc. Stewechii Conject. ad Sexti Jul. Frontini lib. Stratagem. Lugd. Batav. 1592, in-12, p. 465.