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plein de tous arbres fructiers, tous ordonnez en ordre quincunce. Au bout estoit le grand parc, foizonnant en toute saulvaigine. Entre les tierces tours estoyent les butes pour l’arquebouse, l’arc et l’arbaleste. Les offices hors la tour Hesperie, à simple estaige. L’escurie au delà des offices. La faulconnerie au devant d’icelles, gouvernée par asturciers bien expertz en l’art. Et estoit annuellement fournie par les Candiens, Venitiens et Sarmates, de toutes sortes d’oyseaulx paragons, aigles, gerfaulx, autours, sacres, laniers, faulcons, esparviers, esmerillons et aultres, tous bien faictz et domesticques, que, partans du chasteau pour s’esbatre es champs, prenoyent tout ce que rencontroyent. La venerie estoit ung peu plus loing, tirang vers le parc…

« Toutes les salles, chambres et cabinets, estoyent tapissez en diverses sortes, selon les saisons de l’année. Tout le pavé estoyt couvert de drap verd. Les lietz estoyent de broderie…

« En chascune arriere chambre estoit ung mirouer de crystallin enchassé en or fin, autour guarny de perles, et estoit de telle grandeur qu’il povoit veritablement representer toute la personne… »

La règle des Thelemites se bornait à cette clause :

« Fay ce que vouldras, parce que, » ajoute Rabelais, « gens liberes, bien nayz, bien instruictz, conversans en compaignies honnestes, ont par nature ung insting et aiguillon qui tous jours les poulse à faictz vertueux, et retire de vice, lequel ilz nommoient honneur… Iceulx, quand par vile subjection et contraincte sont deprimez et asserviz, destournent la noble affection par laquelle à vertu franchement tendoyent, à deposer et enfraindre ce joug de servitude. Car nous entreprenons tousjours choses defendues, et convoitons ce que nous est denié… Tant noblement estoyent apprins qu’il n’estoit entre eux celluy ne celle qui ne sceust lire, escripre, chanter, jouer d’instrumens harmonieux, parler de cinq à six languaiges, et en iceulx composer tant en carme qu’en oraison solue… » Toute l’histoire des premiers moments de la renaissance est dans ce peu de mots, et l’on sait où cette facile et galante morale conduisit la société, et comment tant de gens « bien nayz, bien instruictz, furent poulsez par nature à faictz vertueux. »

Nous avons dû dans cet article, déjà bien long, nous occuper seulement des dispositions générales des monastères, nous renvoyons nos lecteurs, pour l’étude des différents services et bâtiments qui les composaient, aux mots : Architecture Religieuse, Église, Cloître, Porche, Réfectoire, Cuisine, Dortoir, Bibliothèque, Grange, Porte, Clocher, Tour, Enceinte, etc., etc.[1]

architecture civile. Il n’existe plus aujourd’hui, en France, que de bien rares débris des édifices civils antérieurs au XIIIe siècle. Les habitations des nouveaux dominateurs des Gaules ressemblaient fort, jusqu’à

  1. Voy. l’Abécédaire, ou rudim. d’archéol., architecture civile et militaire, par M. de Caumont. 1853.