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tait imprimée dans les habitudes du tracé, car il faut avoir pratiqué l’art de la construction pour savoir combien une figure géométrique transmise par la tradition a d’empire, et quels efforts d’intelligence il faut à un praticien pour la supprimer et la remplacer par une autre. On continua donc de tracer les voûtes nouvelles en arcs d’ogives sur un plan carré formé d’une couple de travées (24). Les arcs-doubleaux AB, EF étaient en tiers-point, les arcs diagonaux ou arcs-ogives plein cintre. L’arc CD également en tiers-point, comme les arcs-doubleaux, mais plus aigu souvent. Les clefs des formerets AC, CE, BD, DF atteignaient le niveau de la clef G, et les fenêtres étaient ouvertes sous ces formerets ; ce mode de construire les voûtes avait trois inconvénients : le premier, de masquer les fenêtres par la projection des arcs diagonaux AF, BE ; le second, de répartir les poussées inégalement sur les piles ; car les points ABEF recevant la retombée des arcs-doubleaux et des arcs-ogives étaient bien plus chargés et poussés au vide que les points C et D ne recevant que la retombée d’un seul arc.

On plaçait bien sous les points ABEF trois colonnettes pour porter les trois naissances, et une seule sous les points CD ; mais les piles inférieures ABCDEF et les arcs-boutants extérieurs étaient pareils comme force et comme résistance ; le troisième, de forcer d’élever les murs goutterots fort au-dessus des fenêtres si l’on voulait que les entraits de charpentes pussent passer librement au-dessus des voûtes ; car les arcs-ogives AF, BE diagonales d’un carré, bandés sur une courbe plein cintre, élevaient forcément la clef G à une hauteur égale au rayon GB ; tandis que les arcs-doubleaux AB, EF quoique bandés sur une courbe en tiers-point, n’élevaient leurs clefs H qu’à un niveau inférieur à celui de la clef G ; en outre les triangles AGB, EGF étaient trop grands : il fallait, pour donner de la solidité aux remplissages, que leurs lignes de clefs GH fussent très-cintrées, dès lors les points I s’élevaient encore de près d’un mètre au-dessus de la clef H. Ces voûtes, pour être solides, devaient donc être très-bombées et prendre une grande hauteur ; et nous venons de dire que les constructeurs cherchaient à réduire ces hauteurs. C’est alors, vers le commencement du XIIIe siècle, que l’on renonça définitivement à ce système de voûtes et que l’on banda les arcs-ogives dans chaque travée des nefs, ainsi que l’indique la figure 25. Par suite de ce nou-