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partie inférieure encore existante de ces latrines, dont la fosse est conservée, montre encore les languettes séparatives de plusieurs chutes. Par elle-même, cette entrée est bien défendue ; et, la porte charretière de la défense extérieure étant ouverte, il était impossible à des gens placés dans la basse-cour de voir ce qui se passait dans la cour intérieure du château. Mais ce qui vient surtout rendre cette entrée difficile à forcer, c’est la grosse tour I du donjon, dont les murs, d’une épaisseur considérable (4m 60c), ne sont au rez-de-chaussée percés d’aucune ouverture, et dont les mâchicoulis supérieurs devaient permettre d’écraser les assaillants qui se seraient emparés, soit du pont, soit du fossé. La tour I se relie au donjon proprement dit, de forme carrée, divisé en plusieurs salles, et qui par sa position commande au loin les deux seuls points accessibles du château, c’est-à-dire ses faces sud et sud-est. Mais la construction du donjon mérite d’être examinée avec soin, d’autant mieux que ce logis diffère de ceux des xiie et xiiie siècles.

À Pierrefonds, le donjon est non-seulement le point principal de la défense, c’est encore l’habitation seigneuriale, construite avec recherche et contenant un grand nombre de services propres à rendre ses appartements agréables. Il se compose d’un étage de caves, d’un rez-de-chaussée voûté dont nous donnons le plan, qui ne pouvait servir que de magasins, de dépôts de provisions, et de trois étages de salles munies de cheminées. À chaque étage, la disposition était pareille à celle du rez-de-chaussée ; mais les salles, séparées