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de compléter les grands organes de l’État par des assemblées de paroisse {vestries) corrompues, des conseillers concussionnaires, de féroces gardiens de la loi des pauvres dans les villes et dans les provinces, par des magistrats à peu près héréditaires, La Constitution communale aurait rendu au corps social toutes les forces absorbées par l’État parasite qui entrave la liberté des mouvements de la société. Par ce seul fait, elle aurait commencé la régénération de la France, Les classes moyennes des provinces, en France, regardaient la Commune comme destinée à rétablir la domination qu’avait leur ordre sous Louis-Philippe, laquelle domination fut remplacée, sous Louis-Napoléon, par la prétendue domination de la campagne sur les villes. En réalité, la constitution communale plaçait les producteurs ruraux sous la direction intellectuelle des villes de leurs districts, où elle leur assurait, dans les ouvriers, des gardiens naturels de leurs intérêts. L’existence même de la Commune impliquait naturellement la liberté municipale locale, mais ce n’était plus comme contrôle du pouvoir central, désormais supprimé. Il ne pouvait entrer que dans la tête d’un Bismark, qui, dans l’intervalle de ses intrigues de sang et de fer, en revient toujours à son ancien métier de rédacteur du Kladderadatch (le Charivari de Berlin), d’attribuer à la Commune de Paris le dessein de singer la vieille organisation du Paris de 1791, la Constitution municipale de Prusse, qui avilit les administrations locales, en en faisant de simples rouages de la police de l’État. La Commune a réalisé le gouvernement à bon marché, ce grand but de toutes les révolutions bourgeoises, en abolissant l’armée permanente et les fonctionnaires de l’État. Son existence même présupposait la non-existence de la monarchie, laquelle, en Europe au moins, est le fardeau inévitable et le masque indispensable de la domination d’une classe. Elle fournissait à la République la base d’institutions vraiment